Résolu Partie 4 [PV Caleb // Daniel]

[Daniel]

Aah. Les crimes abondants, la douleur qui empeste, les vols de sac à main à l'arrachée, la prostitution et autres...C'est bon d'être de retour à la maison.

Je suis parti longtemps, vraiment. Mais d'une façon ou d'une autre, je finirai toujours par revenir dans cet endroit. C'est comme si, peu importe ce que je fais, ou que j'aille et à quel point je cherchais à la fuir, j'étais lié à cette ville. Que je le veuille ou non. Et puis, je ne pourrais jamais fuir cette ville, j'étais destiné à finir ma vie ici. De toute façon j'avais la sensation d'avoir tout vu tout fait.

Enfin, bref. Home sweet home. J'erre dans les rues, avec mes affaires. Caleb, hmm. Je suis pas sûr d'aller le voir. À quoi bon, on est pas super copains. Et puis il avait fini son truc, non ? S'il est un peu intelligent il partira de Desmios. Parce que pour vouloir faire ses études à Desmios, fallait être désespéré. Peu finissaient leur étude, et beaucoup choisissaient la rue. Donc le mieux à faire, ce serait de partir, s'il a fini. Après m'avoir rendu mes clés, ce serait cool.

Caleb était vers une rue près de l'appartement de Daniel. Il venait de faire les courses et compter rentrer rapidement chez lui.

Bordel, il faisait chaud. L'été venait d'arriver si soudainement, mais bon. La chaleur européenne ne valait rien face à la chaleur africaine. 

Il était au téléphone, et parlait avec sa maman. Il lui racontait sa vie, son doctorat, son quotidien. Caleb parlait fort dans son dialecte, et les gens le fixaient. C'était pas commun. Chez lui, les conversations étaient toujours joviales. 

En marchant, il vit l'ombre d'une silhouette élancée, et de longs cheveux couvrant le dos creusé de cet individu. Il avança, sans prêter garde, et puis... Il s'approchait davantage et reconnu cette couleur verte aquarelle de ses cheveux fins, cette couleur si unique. 

Caleb ouvrit grands ses yeux. Il fit tomber son téléphone. Il resta muet quelques secondes lorsque Daniel s'était retourné pour constater le bruit. 

Il le regarda longuement, un peu sur le cul. Il avait ouvert la bouche, prêt à dire un truc. Et puis, il s'était tut de nouveau. Et enfin, il dit  : 

-Ok. Ok, bon. Je pense qu'on devrait parler. Je vais t'aider, passe moi tes affaires.

Maladroitement, il prit son sac, un peu ébranlé par cette situation. Il se sentit terriblement con. 

Il ouvrit la porte de l'immeuble, invitant Daniel d'un pas strict à y rentrer. 

[Daniel]

J'étais pas loin de l'appartement, je crois ? Je me retrouvais toujours, et puis c'était marrant aussi. Je faisais de n'importe quel endroit mon territoire, mon monde. L'appartement, c'était seulement pour faire joli, et encore.

Et puis, j'ai entendu un bruit stride, derrière moi. J'ai évidemment eu le réflexe de me retourner qui ne l'a pas eu, en fait ? Et...AH.

Caleb. Je n'étais pas aussi surpris que lui de me voir, quoique, sa réaction me faisait intérieurement rire. Ouais, salut ?

-Salut ?

Bah oui Daniel, va lui taper un check aussi. C'est pas comme si tu t'étais volatilisé pendant six mois, petit con.

J'ai pas trop cherché à réagir quand il m'a pris mon sac. Et, je l'ai suivi. Parler, ok. Parler de quoi ? C'est pas comme si on se parlait des masses avant que je parte, alors qu'est-ce qu'on a à se dire maintenant que j'étais parti pendant six mois.

Caleb réfléchissait. Dire quoi. Parler de quoi. Il n'en avait aucune putain d'idée. 

"Quel génie je suis, bordel de merde", dit-il dans sa barbe.

Alors, il réfléchit méthodiquement : allait-il l'engueuler  ? Bon, il n'hausserait pas le ton mais lui fera certainement comprendre que quitter quelqu'un pendant huit mois, presque un an, avec deux nouvelles entre temps... Ouais. C'était limite. 

Allait-il lui offrir un discours émotive ?  Daniel, dans l'émotion  ?  Impossible. Il se foutrait juste de sa gueule. 

En montant les escaliers, il jeta des regards sur Daniel qui était derrière lui. Lorsqu'il croisa son regard, il retourna rapidement sa tête, comme s'il ne l'avait pas vu. C'était vraiment casse-couille, de réfléchir tout le temps pour une simple discussion.

Merde. Il se sentait gêné. C'est tellement désagréable comme sensation.

Arrivé à l'appart, ils posèrent leurs affaires. Caleb rangea les courses. Et puis, il alla s'asseoir autours de la table de la cuisine. 

Il invita Daniel du regard à s'asseoir avec lui, face à lui. 

[Daniel]

Je suivais Caleb, en silence. J’avais une bizarre sensation de déjà-vu, aussi. Comme si je savais ce qui allait se produire. J’avais l’impression qu’il allait m’engueuler à tout moment. Qu’est-ce que ça lui apporterait ? J’avais beau agir comme un gamin un bon quart du temps, je n’en étais pas un. J’étais majeur et vacciné. Il n’avait pas à me reprocher quoique ce soit, il n’avait aucun intérêt à le faire de plus.

Alors je l’écoute. Je m’assois en face de lui, sans rien dire. C’est étrange mais je me sens assez mal à l’aise. Ça ne m’arrive pas souvent pourtant. 

-... Voilà. J'ai eu mon doctorat. Je suis officiellement enseignant chercheur. 

Il sourit, mais d'un sourire saturnien, amère, mélancolique. Il avait regardé Daniel dans les yeux. Il était figé face à son visage, admirant la clarté de son regard si strict et de ses airs si pincés. Une noblesse brutale que seul Daniel représentait.

Il rit, doucement, annonçant une voix calme. Il se gratta la tête, gêné par cette situation on ne peut plus étrange. 

Engueuler Daniel était la pire solution. Alors, il ne le ferait pas. Il soupira, et poursuivit  : 

-Officieusement, je suis au chômage. Mais c'est temporaire, le temps qu'on m'affecte dans une université et dans un laboratoire. J'ai eu de très bons résultats. Le jury était fier de moi, ma mère aussi. 

Il garda quelques minutes de silence, cherchant ses mots. 

-Je n'ai rien fêté. Ni avec ma famille, ni avec mes amis. 

Il se leva, se dirigea vers une commode, sortant des billets mal enroulés qui se trouvaient dans une boîte. C'étaient les loyers que Daniel envoyait chaque mois à Caleb. 

-Je te rends ceci. Je te remercie de m'avoir laissé le temps de terminer mon doctorat dans ton appartement. Je te demande pardon de t'avoir peut-être offensé. Je ne te connais pas, Daniel, et je m'excuse de ne pas avoir pris la peine de te connaître. Je voudrais fêter mes études ce soir avec toi, en ville. 

Il se rassit. La masse qu'était Caleb ne correspondait pas à l'enveloppe de sympathie qu'il était. Mais Caleb, c'était Caleb. 

-Et je te rends tes clés. Je pars demain chez Carla, si ça peut te rassurer. Je te pique une dernière nuit ici. 

(Je vois mal Caleb Uke en passant. Désolée. Je déteste jouer ce rôle quand y'a des scènes X, je te préviens d'avance si un jour il y en a une mdr)

(Ptdr en vrai je m’en tape de qui est en dessous on fera au feeling hein.)

[Daniel]

-...Bravo.

C’était sincère ? Ouais, réussir à faire ses études ici c’est...Incroyable. Il aura un boulot honnête, encore faut-il qu’il ne soit pas corrompu par la pègre. C’est sûrement ce que je lui souhaitais, au fond. De ne pas finir comme beaucoup ici. De ne pas finir comme...Comme moi, aussi.

Je la ramenais pas trop, vous imaginez ? Moi qui ferme ma grosse gueule. Bah, en fait. J’avais rien à dire. Il avait réussi, je le respectais. Je n’avais jamais été à l’école, où je ne m’en rappelais plus. L’éducation, je ne l’avais sûrement pas. Je m’en foutais pas mal, pour beaucoup j’avais foutu ma vie en l’air comme le dernier des abrutis. À moi elle me convenait.

En fait, j’ai réagi qu’en l’entendant dire qu’il voulait fêter ses études avec moi. J’ai pouffé, c’était plus fort que moi. Ce n’était pas pour être désobligeant, ni même cassant. Je pensais juste pas que quelqu’un souhaiterait rester avec moi plus que nécessaire. 

-Désolé...T’es sûr de vouloir fêter ça avec moi ? Je suis pas le meilleur des choix.

Ouais. Je suis un connard voué à rester seul. 

(Pas de soucis. Je te disais juste ma préférence. Les ukes m'ont un peu traumatisés ptdrrr)

Caleb regarda quelques instants Daniel, inébranlable. Statuairement, je dirais même. Dans une certaine minution, il admirait chaque parcelles de son visage, structuré d'une telle manière que tout semblait harmonieux et rebelle en même temps. Des cheveux fins et longs, baignés dans une couleur sournoisement extravagante. Des yeux si mélancoliques dans un violet clair absorbant. Un regard tracé par des cernes sombres. Des lèvres légèrement pulpeuses et rosées, un nez aquilin si bien tracé, un corps élancé et athlétique.

-Ahaha. Passer ma soirée avec une oeuvre d'art, c'est le comble pour un historien de l'art tu ne penses pas  ?  

Caleb se leva, invitant Daniel à faire de même. 

Il s'approcha doucement vers lui, se permettant de remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. 

-Je suis sûr de vouloir fêter ça avec toi. 

(//patpat T’inquiète copine.)

[Daniel]

En dépit du fait que je le soutenais du regard, je dois admettre que la façon dont Caleb me regardait était assez déstabilisante. Pour Caleb. J’veux dire, il se faisait pas chier à poser le regard sur moi la dernière fois. Et je m’en branlais pour le coup. J’étais...Habitué ? À ce mode de vie. Un enchaînement de solitude/ coup d’un soir / je traumatise quelqu’un à vie. 

Lorsqu’il s’est approché de moi, j’ai tilté, avant de reculer en me mordant la lèvre. Non. Il pouvait pas être aussi tactile. Je le regardais droit dans les yeux, malgré tout ce qu’il me disait, et comment il me regardait. Je ne supportais pas ça, toute cette gentillesse c’était...C’était pas normal.

-Pourquoi ?

-Pourquoi quoi  ?  

Voilà. Daniel recommence. Daniel recommencera. Et ce sera comme ça, tout le temps, tous les jours. Dès que Caleb posera un mot, une phrase, un toucher ayant un quelconque lien avec de la bienveillance, Daniel réagira comme ça. 

Caleb soupira. Il prit sur lui. Il tentera de faire simple. 

-Pourquoi, eh bien parce que j'ai envie d'apprendre à connaître celui qui m'a passé ses clés pendant presque une année, et qui est partie comme un voleur sans laisser de trace à part un mot où il y avait une faute dans mon prénom. Je pense qu'à ce stade, j'ai tout-à-fait le droit d'apprendre à te connaître, non  ?  Au moins un peu. Je demande pas que tu me déballes ta vie, je te demande de venir manger avec moi pour fêter mon doctorat ensemble. Ou de faire un tour. Enfin je sais pas, ce que tu veux.