Partie 7 [Caleb X Daniel]

[Caleb]

J'ai pris le temps d'admirer quelques instants son visage feutré, harmonieusement réfléchi. Ou irréfléchi, je ne sais pas, je ne sais plus avec Daniel.

Sa tête baissé et aphone, je ne saurai plus dire s'il réflexionne ou s'il se conçoit dans la détresse de chacun de ses faits et gestes.

J'ai attrapé une mèche de ses cheveux, en oubliant ce qu'il vivait. Il vit toujours, de toutes manières, Daniel. Il vit encore et encore des choses, ce en quoi je ne sais si son ombre réussit à tenir la cadence. 

- Embrasse-moi, Daniel. 

Je respire l'envie et l'amour de sa personne. Daniel, malgré tout ça, c'est un grand comédien. Je ne sais pas s'il souffre réellement de la perte de son ancien amant. Je pense surtout qu'il se rattache à un sentiment de tristesse humainement incontrôlable, histoire d'avoir un motif suffisant pour s'abandonner dans le désarroi, comme hier soir. Après tout, quand on passe des années enfermé dans une image de soi ultra-synthétique, que l'on vit comme un robot sans cœur et sans émotions en se pensant protégé de tout malheur, il est normal de se jeter à la première raison qui nous paraît évidemment tolérable à nos yeux.

Je ne dis pas que Daniel ne souffre pas, bien sûr. Mais que son réel problème, c'est clairement pas son ex. Il ne s'en souvient pas. Scientifiquement parlant, s'il ne se rattache pas à une image et/ou à une représentation suscitant de l'émotion dû à un souvenir précis qu'il a ENCORE en mémoire, alors il ne sera pas malheureux à l'idée d'avoir perdu un ex. Cependant, il est tout-à-fait plausible qu'il soit malheureux de ne pas s'en souvenir.

- Embrasse-moi où tu veux. J'sais pas. J'suis sûr que t'en as envie, ou que ça te guérirait de quelque chose. 

Je caresse son visage, et je m'approche doucement de lui. Subtilement, je le prends par le bassin. Je suis assis contre la table, son corps est entre mes jambes, et il est debout, devant moi. Fébrile.

-Ou prend-moi dans tes bras, juste. Je sais que, le truc dont t'as besoin là, c'est un peu d'affection. Ou au moins, une présence proche. Tu m'as pas proposé pour rien de venir, hein ? Et puis, sans te mentir, j'en profite, haha. Qui ne voudrait pas...

Je relève sa jolie petite tête, maîtresse de mon coeur. De mon corps tout entier.

- Soigner une oeuvre d'art aussi délicate ? Tu comprends, quand on est historien de l'art, on est sensible à ton... Ton indéniable présence, Daniel.

Je rigole à mon humour pâteux que je ne cite qu'à Daniel, mes petites disquettes ironiques que je n'adresse qu'à lui dés lors que je le veux près de moi. Mais je sais pertinemment qu'il me croit. Qu'il sait que je l'aime, et que même si mes mots semblent ironiquement niais et caricaturaux, il y'a une part de vérité. Rectification : une énorme part de vérité.

[Daniel]

Vide. C’est le mot exacte pour décrire mon état d’esprit, à l’heure actuelle. J’ai l’impression de ne plus être maître de mon corps, ni même de ma tête et de mon cœur. J’ai offert tout ça à un autre: j’ai regardé le diable dans les yeux, et je lui ai offert mon âme. Ça n’a rien de cruel, ni même d’effrayant lorsqu’on est né en enfer. Mais la chose la plus cruelle qu’il m’a fait, c’est me rendre mon côté humain, qui sommeillait au tréfonds de mon corps maintenant. Parce que je ressens un vide incommensurable à présent, je ne sais que faire de tout ce que je viens de récupérer. C’est comme si je suis un nouveau né en ce monde.

Je ne devrais pas faire ça. Pas le moins du monde. Pas ici, là où se trouve Caleb, alors que le monde que j’ai toujours connu s’effondre dans mes yeux. Je ne devrais agir comme je l’ai toujours fait. Mais de quelle manière j’ai agi en réalité ? Puisque je me suis inconnu tout de suite. Je ne suis pas Daniel, je ne peux pas. Ou je le suis, et c’est là tout le problème. Qui est Daniel ? 

Je prie pour que mon visage ne me trahisse pas. Qu’il ne montre pas à quel point je suis confus par ses paroles, ses gestes, ou juste sa seul présence. Encore plus maintenant, car je suis devenu consciencieux. Je prie pour qu’il ne voit mon trouble, ou même mon désarroi, lui et son regard qui veut tout dire, et que je comprends à la perfection, que je me dois d’ignorer.

Caleb voulait que je l’embrasse, mais au nom de quoi ? En quoi je mérite quoique ce soit de ce genre, et ces affections-là ? Je suis une drogue, sa drogue dont il ne peut jamais se satisfaire, et c’est très dangereux. Personne ne m’a jamais vu de cette manière. Je ne peux pas faire ce qu’il veut sans rendre notre relation encore plus tumultueuse qu’elle ne l’est déjà. 

Pourtant je ne le rejette pas. Je ne le rejette plus, et ça en dit beaucoup trop sur le fond de ma pensée. Mes yeux sont fatigués, de même que ma tête et tout le reste de mon corps. Pourtant, je trouve la force de lever ma main, silencieux. L’embrasser ne ferait que augmenter ses espoirs, alors que pour l’instant la seule chose dont j’ai besoin, c’est de me retrouver de nouveau. Je ne peux pas me le permettre, et encore moins avec lui. 

Ma main m’a l’air d’être celle d’un enfant: frêle, petite et hésitante. Je suis redevenu cet enfant perdu dans les ruelles sales de mon enfance. Et cette main vient se pose dans le haut de ses cheveux, que j’ébouriffe soigneusement. Je ne peux rien faire de plus. 

Un sourire arrive à se glisser sur le coin de mes lèvres. Faible et petit, mais un sourire malgré tout. Ah, Caleb. Caleb Caleb Caleb. 

"-Qu’est-ce que tu fais ici, sérieusement..."

Parce que je ne te mérite pas le moins du monde, Caleb. Ni même ton amour, ni même ton amitié. Je ne mérite rien de tout ça, pas de ta part. En tout, cas j’attends aucune réponse de cette question idiote. Juste, c’est amusant de se dire que quelqu’un comme lui se retrouve ici, avec quelqu’un comme moi. 

(Heeeeeey je répondrais un peu moins vite aux sujets maintenant. Je suis pas mal occupée en ce moment, désolée !)

(Tqt meuf, je suis en vac t'façon donc no problem. J'viens de relire mon dernier post ptn c'est si gnangnan j'ai honte mdr, sorry)

[Caleb]

Ce que je fais ici  ?  Quelle question. 

Je fais mine de réfléchir longuement, avec des airs pensifs. Pourtant, la réponse, elle est pour moi évidente. 

-Mmh... J'sais pas c'que j'fais ici... Peut-être que je suis maso  ?  C'est sûrement ça d'ailleurs, j'vois pas d'autres raisons. Ahahaha.

Je le laisse me caresser les cheveux. J'aime sa délicate main, sa peau douce, ses fins doigts, son visage, son sourire, sa voix, sa cambrure, ses cuisses, ses fesses, son torse, ses yeux ;  absolument tout ce qui le compose dans les moindres détails. 

Je pose un doigt sur son cou, que j'approche vers mes lèvres. Je l'embrasse doucement. Il n'y a aucun sous-entendu, aucune arrière pensée... Je veux juste, sentir la chaleur de sa peau sur mes lèvres. 

- Tu veux vraiment que je te redise pourquoi je suis là ?  Chuchotais-je au creux de son oreille. 

(Lol Go écrire des trucs trop cheesy alors !)

[Daniel]

Son souffle chatouille ma peau, le creux de mon oreille. Je fais mine de ne pas réagir, c’est tout le contraire. Et c’est un sérieux problème : de commencer à réagir, ne plus être indifférent à tout. Ne plus être...Inhumain ? 

Mais voilà où j’en suis : y’a quelques jours, j’étais encore et toujours un connard de première sans cœur, sans âme. Mais le truc c’est que maintenant, j’ai retrouvé le cœur en question -j’imagine ? Je ne m’en suis jamais servi, pas une seule fois. Et voilà qu’il fonctionne de son plein gré ? Je ne comprends pas. Je déteste ne pas comprendre.

"-...Non."

Puis je me décale de lui. L’explication qu’il vient de me donner, aussi ironique soit-elle est celle que je préfère. Je ne dois pas entendre les vraies raisons: autrement, ça rendrait les choses trop réelles. Je n’ai pas besoin de ça. 

Je m’étire un peu. Bon, changeons de sujet.

"-On y va ?"

[Caleb]

-Ouais, on y va.

Je me mets debout, en m'étirant : on dirait que ça fait une éternité que je n'ai pas fait de sport, et pourtant.

-Du coup, on passe par chez moi ou tu préfères dehors ? C'est comme tu veux. Il fait beau, et en même temps chez moi j'ai tout le matos pour la boxe. J'ai une cours, aussi. 

[Daniel]

Chez toi. Chez lui...Je crois que c’est bien la dernière chose que je veux, aller chez lui. Je n’y ai jamais été, normal. Et je n’ai jamais ressenti le besoin d’y aller.

Pourquoi faire ? Il me semble que jusqu’à présent, Caleb et moi étions vaguement ce que j’appellerais des amis, le mot inconnu me paraîtrait même plus juste. Alors qu’est-ce qui a bien pu changer ? 

Je suis redevenu moi-même. Vraiment, moi-même. 

"-Dehors, t’as raison. Il fait beau."

Le temps c’est le cadet de mes soucis. Mais au moins, être dehors m’évite d’être seul avec lui, dans un endroit fermé que je ne connais pas.

[Caleb]

- J'ose espérer que ce n'est pas parce que tu n'aimes pas mon appart que tu préfères faire du sport dehors.

Je lui souriais avec inauthenticité. Peut-être parce que je suis déçu de sa réponse, peut-être parce que faire du sport dehors ça fait trop transpirer. 

(Franchement aucune idée de ce qui peut se passer. Moi j'propose un nouveau personnage et un triangle amoureux parce qu'avec Daniel, c'est voilà quoi.)