Partie 7 [Caleb X Daniel]

[Caleb]

-Ok. Très bien.

Désolé Daniel. 

-Bonne continuation. 

Non Caleb. Non, t'as pas le droit de revenir. C'est pas toi qui doit courir derrière lui, à la rigueur c'est lui qui te rattrape. Tu as trop donné. Tu as trop fait. Tu as trop offert. Tu as trop crié, pleuré, massacré pour un type qui ne t'a même pas donné le quart du quart du quart de ce que tu lui as donné. 

J'ai tourné les talons, comme si je n'en avais plus rien à faire. Au fond, je me tuais avec le poignard le plus aiguisé qui existe. 

Pourquoi, Daniel ? Pourquoi tu reviens toujours à ces moments. Pourquoi tu es si égoïste, si méchant avec moi. Je peux plus Daniel, c'est soit toi, soit moi. Je peux pas mourir pour toi. Je peux pas me faire du mal continuellement.

J'espérais tellement qu'il vienne, qu'il me dise ce qu'il a à dire. 

Mais je marche, près à rejoindre Diane... Je ne devais pas me retourner. Tant pis. C'est de sa faute. Plus la mienne. 

[Daniel]

Wow...C’était horrible. J’avais à peu près oublier le fil de ma pensée en le voyant se tourner. Il s’en allait oui, mais la vie était faite ainsi: certains fils s’entremêlaient, avant de s’éloigner. Moi je m’éloignais de tout le monde, je ne laissais personne m’approchait, et c’était plus facile comme ça. J’aime les choses faciles, je ne me fiais qu’à la facilité dans une ville où elle implique d’être le plus froid et implacable possible. 

"-En fait."

C’est sorti tout seul, ma voix s’est élevée sans que je ne m’en aperçoive. Je voulais partir, vraiment. Ça m’était vital. J’allais gaffer sévère si je ne partais pas tout de suite. Mais d’un autre côté, si je devais rattrapé une connerie dans ma vie, c’était sûrement celle-là.

"-Je suis désolé."

Pour vous expliquer à quel point parler à cœur ouvert me faisait mal, j’avais l’impression que ma gorge brûlait de l’intérieur à chaque mot que je prononçais. Mais bon, en fait je l’ai déjà perdu. Ou bien je vais le perdre parce que oui, je refuserai catégoriquement de le revoir après ça. Je me connais trop bien. J’apprends jamais.

"-Je voulais te dire quelque chose.. Puis je me suis rendu compte que j’ai pas le droit de te demander. J’ai pas le droit de revenir. Mais tant mieux en fait hein ?"

J’osais à peine le regarder, vraiment. Ça me tuait de le dire à voix haute. Je crois qu’il ne s’en rend pas compte. En fait, j’empoisonne tout ce qui m’entoure. Ça m’a jamais dérangé. Mais pour Caleb j’aurais bien voulu qu’il reste lui. 

"-Donc. Je suis juste désolé. C’est tout. Je voulais juste te dire que je suis désolé."

C’est tout. Je mettais mon index sur ma bouche, la tête baissé. Au cas où il aurait l’idée de dire quoique ce soit.

"-Réponds pas. Dis rien. Steuplé." 

Ouais, j’avais vraiment pas besoin qu’il réponde. Sans rire. Puis j’ai rien dit de plus. J’allais clairement pas partir dans sa direction, j je vais juste partir de l’autre côté. Le plus vite possible.

Donc, je tourne les talons en partant. Je veux pas qu’il vienne, j’arrête, vraiment. J’étais une sorte de mauvaise drogue addictive et dangereuse, ça craint.

[Caleb]

Quand sa main à touché mes lèvres, mon cœur s'est mis à battre. Diane m'attendait. Mais Daniel, je pense que je ne l'avais jamais vu aussi ... Aussi ouvert que ça. Je le félicite, intérieurement. Il a progressé. Il est devenu plus mature, plus responsable, plus intelligent. Je suis terriblement fier de lui.

Lorsqu'il tourne les talons, je me laisse bercer par mes sentiments. Il a fait un effort. Je peux l'aider. A s'ouvrir. A continuer là où il en est.

-Tu as deux solutions, Daniel.

Je le retiens, par la main. Calmement, sans l'étreindre, sans l'empêcher de s'enfuir.

-Rester, et me faire confiance. Ou partir, et souffrir inutilement.

Choisis bien, Daniel. Parce que ce sera certainement la dernière fois où je t'accorde mes mots. 

(Je vais me coucher, bonne nuit !)

[Daniel]

Je me mordais la lèvre discrètement. J’en sais rien. J’en sais rien, j’en sais rien. J’en sais rien. J’en ai aucune idée. Je suis censé faire quoi ? Parce que, s’il me blesse, je ne me pardonnerai jamais. Je le sais. Si je lui donne ma confiance, et qu’il l’a brise, ça va me briser. Et si on me brise, là tout de suite, il ne restera plus rien. Il n’y aura plus rien d’humain chez moi, s’il en reste quelque chose. Est-ce que je devais courir le risque ? Ou souffrir comme il le dit, et garder ma santé mentale saine et sauve ? 

J’ai lâché sa main. Mais...J’ai pas bougé. J’ai rien fait. Je suis un abruti fini.

C’est quoi la règle n°1, Daniel ? Ne se fier qu’au n°1. Le numéro 1, c’est toi. T’es trop con, Daniel. 

[Caleb]

J'ai soufflé. Je sais, ce qui se travaille, dans sa petite tête. 

Je sais que tout ce qu'il a, c'est un problème lié à un passé qu'il ne connait pas bien encore.

-Daniel.

Je le jure au nom de Dieu.

-Si tu m'accordes ta confiance.

J'ai prit son visage entre mes mains. Je l'ai regardé, intensément. Daniel. Ne fais pas cette connerie.

-Jamais je ne te trahirai. Jamais. 

Je ne peux pas faire plus, Daniel, tu le comprends, n'est-ce pas ? Tu le vois, tu le ressens ? Je t'ai tout donné Daniel. Je me suis même permis de repenser à toi, là, maintenant, de suite alors que je suis avec Diane, que je suis à là de redevenir heureux.

Alors ne gâche pas tout Daniel.

Je le regarde. Je caresse ses joues, parce que je sais qu'il est à bout. Qu'il est au fond du gouffre. Et rester seul autant de temps, comme lui, comme il le fait, c'est une réelle performance, épuisante. C'est pour ça que Daniel, c'est l'oeuvre d'art du siècle. 

[Daniel]

J’ai serré les poings discrètement. C’est, tellement plus facile à dire qu’à faire. Il suffisait d’accorder ma confiance, à quelqu’un que je connais depuis des années. Ça n’a rien de compliqué, pour quelqu’un de normal. Ça n’a rien de compliqué... 

C’était tellement compliqué. J’ai rien dit, en fermant les paupières à son toucher. À quoi est-ce qu’il pensait ? Et moi, à quoi je pense ? Je suis en conflit intérieur: la bonne voix et la méchante voix, vous savez. Ce qu’il faut faire ou non. Tout n’est qu’une question de choix. 

Et j’en ai fait un tout autre. 

"-...Vaut mieux."

J’ai rouvert les yeux.

"-Parce que ma confiance n’a aucun prix."

Elle vaut sûrement plus que tout l’amour que je ne pourrais jamais donner. Et je suis prêt à te la donner, Caleb. À mes grands risques et périls. Je suis prêt à lui faire confiance. Okay. 

[Caleb]

Mon coeur s'est mis à battre à la chamade. J'ai souris, et je l'ai pris naturellement contre moi, le serrant légèrement. Je ne l'étraignais pas comme un malade, il pouvait partir. J'étais juste terriblement heureux. 

-Je suis fier de toi, Daniel. 

Je l'embrasse sur le haut de sa tête, caressant d'un doigt sa joue rouge.  Comme il est un peu petit, je me baisse, à son niveau, pour le regarder d'encore plus près. 

-A la vie et à la mort mon Daniel, je te promets de rester le plus fidèle possible. 

[Daniel]

J'ai rien ajouté de plus. J'ai l'impression d'avoir épuisé toute mon énergie en disant ça. Je ne croyais pas qu'être honnête puisait autant d'énergie mentale. 

Bon, c'était pas du tout prévu...Je l'ai laissé faire comme bon lui semblait, et je rougissais un peu. Un peu pour l'innocence des gestes de Caleb, un peu plus pour ce que moi j'ai dit.

J'ai un peu hoché la tête. Je me sentais un peu bizarre, en fait. Dans les vapes, ouais, un peu groggy. Je suis resté plusieurs secondes sans rien faire, avant de m'éloigner un peu.

"-Je...Je vais y aller."

Et je pointe derrière moi. Je vais quand même faire un détour, ça me fera réfléchir. Ouais.

[Caleb]

-Demain je passe à vingt heures chez toi, Daniel.

Je lui fais un signe de la main, en rigolant. C'était trop mignon, son comportement, il me faisait vachement rire.

- Bisou, Daniel.

Je lui fais un clin d'oeil. Mon coeur se remet à guérir. Que je l'aime, ce bonhomme.

[Daniel]

Bon eh bah du coup. Voilà. J'ai parlé à Caleb, après j'ai eu la mauvaise idée de regarder de quoi il était question dans mes jetons. 

Une bonne partie de mes souvenirs, et de ma vie. Je me sentais horrible, mais ça m'a collé à la peau depuis des années en réalité. J'avais toujours été comme ça...? 

C'était... Difficile pour moi. Très difficile, même. Je m'étais résolu à...J'sais pas. J'étais pas destiné à bien tourner au final. Ahaha, j'avais aucune chance de m'en sortir.

Mes yeux étaient gonflés, j'aurais pas dû regarder. J'aurais pas dû chercher à comprendre ce qu'il m'est arrivé. Et, surtout. Putain, j'aurais pas dû revenir de mon cercueil.

Le lendemain, j'ai parlé à personne. J'ai appelé personne. Je suis resté chez moi, cloîtré dans mon lit en fixant le plafond, je venais de me rendre compte que, rien ne valait ce que j'ai perdu. Que, hmm, Caleb ne comptera jamais autant  ce que j'ai perdu. Que Rohan. Et pourtant, ça m'avait fait défaillé. 

Ma chambre était retournée. Elle sentait le cendrier. Si j'avais passé ma journée à dormir, je me serais bourré la gueule toute la journée. Mais, j'étais réveillé depuis dix minutes à peine. Alors, ouais, je ne faisais que commencer. Oh oui.

(Mon téléphone n'a plus de batterie je reviens plus tard !)