Chez Camilo

[Camilo]

Je tentais d'attraper instantanément tout ce qu'il me disait et qui se trouvait devant mes yeux, et un doute m'est rentré en tête. J'espérais avoir tout ce dont il a avait besoin, parce que je n'ai pas pensé à faire un saut au rayon épicerie tout à l'heure. Pour l'instant, c'était un beau sans fautes : j'avais le poivre, le sel, l'huile aussi, les herbes...

Mes bras commençaient à se remplir de toutes les épices dont on aurait besoin pour faire notre repas parfait. Vraiment j'ai oublié ce qu'il voulait préparer mais j'ai hâte, que ce soit pendant la préparation, pendant qu'on mangera, et quand on en aura terminé. 

“-Les couteaux sont derrière toi, le premier tiroir quand tu te tournés. Choisis-en un, j'en ai plein.”

En attendant, je passais tout délicatement sur le plan de travail. Ahaha, je crois que j'ai les bras qui sentent les épices maintenant !

[Graham]

J'hochais la tête en l'écoutant, essayant de trouver le bon tiroir du premier coup et de trouver les couteaux. J'en tirai un, et bingo. J'ai attrapé un couteau, dont j'observais la lame, avant de le poser sur le plan de travail, à côte de ce que déposait Camilo. Je le regardais faire, amusé de son impatience et de son excitation. C'était motivant !

J'en profitais pour atttaper les poireaux, et les passer sous l'eau.

" - Si tu veux m'aider, tu peux ouvrir le sachet de saumons, et prendre une assiette ce sera plus facile. Si tu veux te salir les mains, tu peux déposer un peu de sel dans l'assiette et faire tremper les pavés de saumon dedans. Je te préviens, c'est gluant."

[Camilo] 

Et j'attendais patiemment qu'il choisisse son couteau. J'avais envie de commencer, c'est bien la première fois que je suis content de me préparer à manger. Il y a des gens qui ne mangent pas pour vivre, mais qui vivent plutôt pour manger, et c'est super. Vraiment, je respectais le fait qu'on puisse trouver une satisfaction aussi simple dans l'acte de se nourrir. Mais moi ce n'était pas, mais alors pas du tout mon cas. Je mangeais par nécessité, voilà tout. Alors oui, je pouvais trouver des plats bons, je n'étais privé de mon goût pour autant, mais jamais dans l'excès. 

Le saumon, où peut bien être le saumon...Je le cherche sur la table, et l'attrape une fois fait. À nous deux mon petit gars...

Je l'ouvrais avec précaution, à croire que je tenais entre mes mains la chose la plus précieuse du monde. C'est mon envie de faire les choses bien, ça.

J'ai un peu ri, sur la fin de sa phrase. Graham, parfois il m'arrivait de devoir tuer des gens, ramasser leur corps au sol et les enterrer moi-même. Ta notion de se salir les mains est ténue à côté de la mienne, je peux le faire sans soucis. 

Un peu de sel, c'est-à-dire...?

[Graham]

Je le regardais faire, amusé. Peut-être avec un peu de sadisme de le voir galérer autant. Je ne disais rien, je le laissais se débrouiller. Après tout on apprend par la pratique bien entendu. Et si jamais j'étais là pour le guider. Espiègle, je remuais le couteau dans la plaie.

" - Tu t'en sors ?" rigolais-je

Il était adorable comme ça. Ça me rendait heureux, oui. À force mes mains me piquaient et étaient toutes endoloris avec le froid, mais je m'en fichais, j'étais heureux d'être avec Camilo, de le voir se dépatouiller comme ça, chez lui. J'avais un large sourire jusqu'aux oreilles.

[Camilo] 

Je me connais relativement bien, soit j'allais en mettre beaucoup trop, soit j'en aurais pas mis assez. À choisir, je crois que je préfère ne pas en mettre assez, parce qu'il y a toujours moyen de rectifier le tir après. De l'autre côté, une fois qu'il y avait trop de quelque chose, la marche arrière était difficilement envisageable.

J'avais l'assiette, le sel était juste à côté de moi et le saumon était sorti. C'est l'heure du moment de vérité. 

Je relevais les yeux vers Graham, en faisant mine d'être sérieux.

“-Regarde le professionnel que je suis en action.”

Pas du tout. Le plus pro de nous deux dans cette salle, c'est lui. Le domaine de la cuisine ce n'est pas le mien. 

J'agrippe le sel et le retourne, en le faisant pivoter dans la direction de l'assiette vide. D'instinct, je dirais que j'ai juste à saupoudrer un peu l'assiette de sel et mettre le saumon deeans, enfin c'est ce qu'il a dit non ? 

Quand il faut y aller... J'ai saupoudré d'un coup sec une, deux, trois fois. Avant de m'arrêter, j'en avais mis très peu je crois. Ah mais si c'était le contraire ? 

Bizarrement je venais chercher dans les yeux écarlates de mon ami, en attendant n'importe quoi, si ce n'est que son approbation. Est-ce que je fais bien ?

[Graham]

Je crois qu'on s'est regardé un long moment comme ça. Déjà parce que je ne savais pas réellement ce qu'il voulait, à me regarder avec ses yeux de merlant fris, et aussi parce que j'attendais la suite de ses actions, du coup. Finalement, j'ai finis par tilté et laisser les poireaux dans l'évier. Ils avaient suffisament trempés. J'ai finis par récupérer le torchon, m'essuyer les mains, et me pencher en avant sur le plan de travail, appuyé sur mes coudes. Je regardais l'assiette, en hochant la tête.

" - Oui, c'est bien comme ça. Si tu en met trop, ça risque d'être trop salé, à cause de la crème en plus. Maintenant, tu déposes ton pavé de saumon, sur les côtés rosés surtout. Délicatement, pour ne pas les casser, mais tu vas voir, c'est intuitif. Tactilement, tu vas le sentir si tu t'apprêtes à faire une connerie."

Je n'avais jamais autant parlé, je crois. En même temps, c'est plus facile de discuter de ça, et puis, ce n'était que des conseils et deux trois ordres que je lui donnais, je crois. Je relevais les yeux vers lui, essayant de discerner si ça lui allait comme réponse. Oh Camilo, tu as bien du chemin à parcourir sur cette voie là.

[Camilo] 

J'ai laissé faire place au -vrai pro en m'éloignant légèrement lorsqu'il s'est penché pour admirer mon chef d'oeuvre, passablement qualifiable de la sorte. C'était pour le style que j'ai pensé ça, je n'avais même pas encore mis les carrés de saumon dans l'assiette. Mais Graham était l'étape nécessaire pour que je puisse continuer. 

J'hochais la tête en buvant ses paroles. J'avais vraiment envie de bien faire, je ne voulais pas rater ça, c'est pour ça que j'analysais avec précaution chacun de ses mots, en espérant pouvoir les assimiler et les appliquer correctement par la suite. 

Délicatement, pour ne pas les casser... Je le répétais dans ma tête, puis à voix basse en accompagnant les paroles du geste, avec le saumon à la main bien évidemment. Doucement Camilo, doucement. 

Une je crois que le carré a commencé à se craqueler au moment où je l'ai posé dans l'assiette. Et je grimaçais, déçu par moi-même. J'imagine que je ne l'avais pas réduit en miette non plus hein...

(Je vais dodo, j'ai un partiel demain à 8h, donc bonne nuit !!)

[Graham]

J'ai émis un petit rire en le regardant faire. Visiblement, Camilo se mettait une telle pression... Je pointais de mon petit doigt la craquelure qu'il venait de faire.

" - C'est rien, ça. C'est pratiquement normal. Quand tu vas le tourner, tu risques d'en faire d'autre, mais le morceau restera intact. Et puis de toute manière, tu vois ces petites bandes ? C'est surtout elles qui risquent de casser le morceau de poisson."

J'ai finis par me tourner vers lui, en attendant qu'il recommence et passe à l'étape suivante. Mais il était encore plus nerveux qu'à notre arrivé.

" - Ou tu veux que je m'en occupe moi ?"

Je me suis finalement relevé du plan de travail, attendant sa réponse. Ca ne me dérangeait pas de le faire, mais lui faire mettre la main à la patte était un bon moyen pour l'emmener moi dans ce que je connaissais et appréciais, et je lui laissais.. Une sorte de connaissance de moi-même, aussi. Si on peut le dire comme ça.

(J'allais le dire de toute façon xD Bonne nuit et bonne chance !) 

[Camilo]

C'était mignon comment il essayait de me rassurer, mais c'était encore plus étrange la façon dont ça faisait son effet. Parce que je me suis de suite senti me relaxer à sa remarque. 

Mais je me sentais terriblement affectueux de la façon -pédagogue ?- qu'il avait de m'expliquer le fonctionnement de tel ou tel ingrédient. Dans son grain de voix, ça s'entendait qu'il appréciait ce moment qu'on passait ensemble, encore bien différent de toutes les choses qu'on a pu faire jusque là. 

À ce sujet d'ailleurs, mon stress s'était atténué pour redevenir calme. 

“-Non, je m'en charge.” 

C'était mon morceau de saumon, et puis quoi encore ?

Il fallait que je réitère l'action pour que ça prenne bien dans le sel, c'est ça ? Par instinct je l'ai fait, ça me paraissait logique de faire en sorte que tout le saumon soit un minimum imprégné de sel. 

(Hello !!)

[Graham]

J'hochais la tête en l'écoutant, amusé. C'était cool de le voir comme ça. Je vois bien qu'il sort de sa zone de confort, mais ça me fait plaisir qu'il essaye et fasse un effort, et surtout qu'il ne se décourage pas. Alors j'abordais un petit sourire heureux en le regardant faire. Non non, il se débrouille bien, y'a pas à dire.

Alors je me replaçais sur le plan de travail en le regardant faire, et puis en réfléchissant à la suite. Il nous fallait un plat dans lesquels les mettre, et faire chauffer le four. Alors du coup je l'ai abandonné quelques secondes, trouvant son four et essayant de le régler. Un peu compliqué au début, mais intuitif, alors.

Et puis je suis revenu à ses côtés, le regardant faire par dessus son épaule - enfin, du côté surtout.

" - Tu vois, tu te débrouilles bien."