Chez Camilo

(Hey je suis là ! Désolée du retard, ton partiel s'est bien passé ?)

[Camilo] 

J'ai un petit sourire amusé, en balayant ses excuses d'un revers de main. Oh non, ce n'est pas grave, il n'y a pas à s'en faire je comprenais parfaitement. J'étais pareil quand je faisais régulièrement de la sculpture : enfermé dans ma bulle déréglée, je ne voyais pas les heures passer tant j'étais focalisé sur ce que je faisais. C'est ce qu'il vient de se passer avec Graham je pense.

Je me suis adossé sur le rebord de mon évier, en appuyant mes mains sur chaque côté de mon corps. Juste à côté de la casserole, mais suffisamment loin pour ne pas me retrouver dans une situation délicate à me brûler où autre. Ne dit-on pas qu'il est préférable de toucher avec les yeux ? Mon regard jonglait entre les poireaux et le petit crépitement qui dégageait de la casserole, et de mon ami Graham, inquiet. 

“-Tu as raison.” 

À présent, je faisais face au vide en face de moi, à réfléchir. C'était la seule excuse que j'avais trouvé histoire que je puisse le voir plus souvent, parce que oui, je ne faisais pas l'effort avec mes amis de trouver un créneau pour ça. Fallait dire que je ne pense pas qu'on est censés faire ami-ami avec les...Les autres. C'est moi qui suit bizarre ?

“-Mais c'est un bon début.”

(Bien plus que le premier x'D Maintenant plus qu'à attendre les notes :')

[Graham]

J'ai tourné la tête vers lui, intrigué. C'est vrai que je voyais Camilo toutes les pleines lunes finalement, avec un peu de chance et surtout un bon lancé de dé. Je ne l'avais jamais vu parce que je l'avais cherché, et inversement. J'ai baissé les yeux. Non, il était venu me chercher, une fois. Tout à l'heure. J'ai soupiré doucement. Peut-être que c'était juste à moi de faire des efforts ? En même temps, comment savoir si c'était le bon moment ? Et si ça se soladit sur un échec, ou que je devenais trop collant ?

" - Tu voudrais qu'on se voit plus que ça ?"

J'ai finis par retourner la tête vers la casserole, avant de chercher des yeux une cuillère en bois. J'en avais vu une quelque part, et quand je me suis rappelé où, je suis parti la chercher avant de la passer un moment au fond, pour éviter de ne faire griller mes légumes. En même temps, j'essayais de ne pas réfléchir à sa réponse. Ne s'attendre à rien, et ne jamais être déçu.

(Aaah on croise les doigts alors !)

[Camilo]

Quand il me l'a posé comme ça, tel que c'était, ça m'a permis d'approfondir mes pensées sur ce sujet. Je voulais le voir plus souvent. Certes, mais pourquoi ?

Il y avait quelque chose de dérangeant dans ça, mais je n'arrêtais pas à comparer ma relation avec Graham avec celle que j'avais avec Maïa. Les deux étaient diamétralement opposés, on avait Graham la force tranquille, puis Maïa plus fervente et...Explosive. Ils étaient les deux seules personnes que je voulais bien considérer comme mes amis, mais je ne cherchais pas à voir Maïa autant que je cherchais à croiser Graham. C'est normal qu'il y ait des choses que je préfère chez Maïa qui ne se manifestent pas chez Graham, et inversement. Mais ce qu'il fallait noter, c'est que j'avais l'impression de voir Graham littéralement partout. 

J'ai fini par rire, un rire nerveux. Ce que je sais, c'est que je ne veux pas que l'on ne se voit plus.

“-C'est bizarre ?” 

Je tournais la tête ailleurs, en regardant sur ma fenêtre qui avait vu sur la rue à côté. À chercher des réponses de l'autre côté du miroir.

[Graham]

J'ai haussé les épaules à sa question, penchant la tête d'un côté. Je me concentrais sur lui, et mes gestes devenaient mécaniques. Pour autant, je ne le regardais pas.

" - Ca l'est, pour toi ?"

Je ne crois pas que ce soit un problème pour moi. Les gens ont la fâcheuse manie de se méprendre sur mon compte, notamment sur mon côté relationnel et social. Je ne suis pas si renfermé, et je ne suis pas si méfiant, ou distant. Je suis comme tout le monde, j'agis comme tout le monde, je dance sur le même pied que tout le monde. Ma bulle est juste bien plus difficile à pénétrer, voilà tout.

" - Pour ma part, ça ne me dérangerait pas si on se voyait plus que ça. Je veux dire, sans le hasard des choses."

[Camilo]

Je mentirais puissance mille si je disais que je ne trouvais pas tout ce qu'il se passe bizarre. Je n'aimais pas mentir, je le faisais rarement, uniquement quand j'estimais que je n'avais pas d'autre choix. Je le regardais du coin de l'oeil, attentif à chacune de ses réactions.

“-Un peu.”

C'est surtout que je ne comprenais pas pourquoi je le voulais, pour être exact. Je n'avais aucune idée de pourquoi je le voulais, je n'aurais pas pu l'expliquer. Alors pourquoi j'essayais ?

“-Je ne comprends pas vraiment pourquoi, en fait. Mais oui, j'ai envie que l'on se voit plus souvent.” 

J'imagine que certaines choses n'ont pas de réponses correcte ou fausse.

[Graham]

J'ai relevé la tête en l'écoutant, tournant les yeux vers lui. Dans le fond, j'espérais réellement que ce ne soit rien de grave. Un peu ? C'était déjà un peu de trop, non ..? En même temps, c'est vrai, à quoi est-ce que je m'attendais. Il ne sait pratiquement rien sur moi, et je m'invite quand-même dans sa vie. Alors que c'était quelque chose qui s'est prouvé être dangereux pour lui comme pour moi. J'ai finis par me renfermer sur la cuisine et ce que je faisais. Je n'avais plus rien à rajouter.

Alors, imaginez seulement la joie qui m'a prit lorsqu'il s'est expliqué. J'ai soupiré de soulagement, rassuré de l'entendre dire une telle chose. Malgré tout, j'avais peur de casser ce moment, et de le braquer. S'il ne comprenait pas, et qu'il trouvait ça bizarre, il y avait toujours moyen de briser ce qu'il y avait. Et à ce jour, c'était probablement la seule la plus chère que j'avais, et je ne me le pardonnerais jamais. Du coup, je souriais en silence, hochant simplement la tête.

[Camilo]

“-Enfin, voilà...” ajoutais-je en dernier.

Histoire de...Oh, qu'est-ce que j'en sais. C'était juste bizarre pour moi, de reconnaître plus au moins à voix haute que l'on chérissait une relation avec quelqu'un. Je ne l'ai pas dit ouvertement -encore heureux !-, mais juste ça. Juste dire que je ne voulais pas que la magie de notre duo s'estompe sous prétexte que l'on ne se voit pas assez, c'était m'engager à faire en sorte que Graham soit avec moi plus souvent. Et je pensais que j'apprécierai faire cet effort, car il n'en avait absolument pas l'allure.

“-Tu veux que je te serve un truc en attendant ?” 

Je disais ça pour changer de sujet, les yeux rivés vers le couloir un peu plus loin. J'avais une sorte de cave à vin, pas dans l'esthétique, mais dans le principe. Je pense qu'il y a moyen que je trouve quelque chose qui se mariera avec le saumon.

[Graham]

Oh Camilo, qu'est-ce qui peut bien se passer dans ta tête ? Ce serait tellement plus simple si je pouvais tout savoir en un coup d'oeil. Mais ce genre de magie peut rapidement s'avouer malsaine et toxique, pour nous deux. Mieux valait compter sur notre propre sincérité.

J'ai finis par attraper la crème pas loin, et la verser à l'intérieur de la casserole. Tandis que l'on discutait, je continais de manière automatique à cuisiner. A sa remarque, j'agitais la main.

" - Tout ce que tu veux, je te fais confiance."

Je suppose qu'il est plus doué que moi pour tout ce qui concernait, l'alcool et les boissons je suppose. Et je l'imaginais très peu avoir une bouteille de coca ou un autre soda dans les placards ou le frigo, alors va pour de l'alcool. A la rigueur, je pouvais aisément avouer que j'étais pourri pour ce qui concernait l'alcool et reconnaître les bons.

[Camilo] 

J'hoche la tête, en jetant de temps à autre un petit coup d'oeil à la forme que le repas prend. En tout cas, l'odeur est bon signe, ça sentait très bon. 

Je me suis décidé à me remettre d'aplomb, histoire d'aller nous chercher de quoi accompagner le plat. Oh, je trouverai bien. J'ai quand même une petite sélection.

“-Je reviens alors.” 

Je m'y suis attelé tout de suite, en m'élancant limite pour y aller. Allons,je n'allais pas faire attendre mon invité. Quel manque de manière ça serait.

[Graham]

J'ai jeté un coup d'oeil à Camilo qui disparaissait. Il n'a pas perdu son temps. J'en profitais pour checker sur le saumon, qui cuisait doucement. On était dans les temps, c'est bon signe. La crème prenait en gras avec l'huile. Je continuais mon petit boulot de mon côté. Le sel, poivre, les épices, et je remuais doucement en attendant.

La situation était quelque peu surréaliste, malgre tout. J'étais chez Camilo, en train de cuisiner pratiquement inconsciemment si je me prenais à réfléchir à autre chose. Quand j'allais chez quelqu'un, c'était pour passer un bon moment mais cuisiner n'était pas en option. Camilo n'avait pas bronché, il m'avait laissé faire et fait confiance.

J'ai finis par me passer les mains sur mon visage quand je percutais que ma vision se floutait avec la fatigue. Je me suis appuyé contre le plan de travail, en attendant silencieusement le retour de Camilo. Oh, je m'endormirais rapidement ce soir je sens.