Partie 11 [Camilo x Graham]

[Graham]

Graham observait l'homme ranger son téléphone dans sa poche. Formidable. Il pouvait souffler un peu. Au moins, il ne l'avait plus dans sa main, et peu lui importait le reste. Ca n'allait pas être une partie de plaisir. Il croisait les doigts pour que ça se termine vite, personne n'aime souffrir.

Il n'aurait jamais cru que son prénom pouvait devenir une malédiction, ceci dit. Il aurait voulu quece type l'oublie, complétement, comme tout le monde semble le faire avec tout le monde. Mais non. Destabilisé, Graham restait immobile sur sa chaise. Il ne s'écrasait pas sur lui-même complètement. Sa respiration s'était coupée. Que se passerait-il s'il mentait ? Ca ne pouvait pas être plus pire que si Graham hochait la tête.

" - Tu dois faire erreur, je ne vois pas de quoi tu parles."

[Frank]

Ohoh, ton expression ne me dit pas la même chose, Graham. Sa façon de contre attaquer avait changé du tout au tout, à la simple mention de son nom qu'il prétendait ne pas être le sien. C'était un très mauvais menteur. 

Mon poing est parti pour la première fois, heurter son visage. Si je tends suffisamment l'oreille, je peux entendre légèrement ses os craquer. Faudrait pas qu'il tombe à cause de l'élan du coup, donc j'attrape négligemment ses cheveux pour le rattraper à la dernière seconde. Je le laisserai heurter le sol quand je le laisserai pour mort.

“-Ne me mens pas, Gra-ham. Ou ça va être très long.” 

[Graham]

Pendant un instant, c'était comme s'il n'existait plus. Un éclair. Il avait anticipé le cours, bien entendu, en voyant sa main se lever, mais n'avait pas pu prévoir la force du choc. Et de toute manière, il n'avait pas pu ni l'éviter, ni contre-attaquer. Il pouvait sentir ses larmes monter dû à la violence du coup. Son regard semblait se perdre dans le vide, avant de récupérer un semblant de vie. Mentir semblait si facile avant que son poing ne le percute. Il pouvait bien avoir son nom. Graham essayait de lui faire lâcher ses cheveux en couinant, sans pour autant sembler violent.

" - D'accord, d'accord..."

[Frank]

Beaucoup de gens ont bien plus peur de la sensation de violence que de la violence concrète en elle-même. De nombreuses fois, la simple implication de douleur suffit à tenir les gens à carreaux, mais pour d'autre cas il fallait un peu plus les prendre en main. Graham lui, est de ceux qui a besoin de vivre les choses concrètement avant de retenir la leçon.Il n'a pas à s'en faire, je peux l'aider à faire ça.

La poigne à ses cheveux s'est intensifiée un instant, pour que je puisse être témoin du début de larmes qui s'emparaient du coin de ses yeux.  Là, il devenait docile. 

Je laissé ses cheveux tranquille. Donc, Graham.

“-Oh, pauvre bout de choux. Tu viens d'apprendre que ton ami s'est fait tué. Ça doit être un choc pour toi.”

[Graham]

Si Graham ne se sentait pas déjà suffisamment misérable dans sa situation actuelle, il l'était davantage à un point de non-retour à la simple mention de Camilo. Donc il savait. Il avait été rapide à faire le lien. Il restait cloîtré au fond de sa chaise, sans perdre de vu l'homme en face de lui. La peur l'empêchait de regarder ailleurs. Cependant, Graham avait aussi une haine montante inarrêtable pour son tortionnaire. Il était rassuré de savoir que Camilo était encore vivant, et qu'il ne le savait pas. Ca n'arrangeait pas son cas pour autant.

" - La ferme. Va te faire foutre. Je t'interdis de parler ça."

Il mentionnait l'événement comme si ce n'était rien, si ce n'est qu'une fierté de chasse, sans plus. La situation de Camilo n'avait aucune valeur dans sa colère : il lui avait tiré dessus et c'était déjà une balle de trop.

[Frank]

La réaction typique du dommage collatéral. Ils sont en colère parce qu'on leur a pris quelqu'un qui leur tenait à cœur, et ils s'en prennent à tout le monde. Mais vous savez la seule personne à laquelle ils ne s'en prennent pas ? 

C'est eux-mêmes.

“-Pourquoi ? Ça te reste en travers de la gorge mon garçon ?” 

J'adorais, voir la colère s'emparer de leur visage et savoir que j'en étais responsable. L'amour, le respect... Ça n'importait pas grand chose quand on pouvait être l'origine de la peur des gens. L'emprise est bien plus grande, et elle empêche de riposter, par peur de représailles.

“-Si t'avais été plus fort, t'aurais peut-être pu faire quelque chose.”

Du sang coulait le long de la bouche du petit Graham.Ce n'était pas le meilleur endroit pour faire son deuil mais soit. Non, c'est vraiment très drôle. J'ai voulu faire le rôle du parent bienveillant, je me suis donc penché vers lui, les bras sur mes genoux. Un doux sourire. Si faux, si faux...

“-Mais si tu demandes assez gentiment, je pourrais être généreux et t'aider à le rejoindre. Ta vie ne doit plus avoir de sens depuis qu'il est parti.”

[Graham]

Son regard était assassin. Dès qu'il ouvrait la bouche, Graham se pinçait les lèvres, grinçait des dents, serrait les poings. Il pouvait sentir tous ses muscles se tendre, se crisper, c'en était douloureux. Il ne comptait pass mourir maintenant, mais si Camilo était réellement mort, qu'aurait-il fait ? Comment aurait-il fait face à l'homme en face de lui ? Sa dernière question le déconcertait. Qu'est-ce qu'il aurait fait ?

" - Tu te trompes. Ma vie n'apaprtient qu'à moi. Je n'ai besoin de personne pour qu'elle fasse sens."

Il croyait en ses paroles. A chacun son chemin, à chacun sa signification, sa place. Mais sans souvenir, sans savoir d'où il venait, n'était-il pas plus simple de suivre le chemin d'un autre ? Tout en considérant que cet autre était Camilo. Il supplierait pour le revoir si c'était si simple. Mais la simple idée de prononcer son nom serait du suicide.

[Frank]

“-Vraiment ?”

Graham Graham Graham... Tu peux prétendre avoir une vie et un but, au delà de celui qu'on te confère si tu as la malchance de naître en situation précaire dans cette ville, ça ne rend pas la chose plus réel. Ça m'a fait sourire davantage. J'aimerais bien briser ses petits rêves avant de commencer à briser ses os.

“-Pourquoi tu es ici dans ce cas ?”

J'avais l'allure désinvolte, quelque peu presque légère. Parce que toute cette situation est fabuleuse. Quelque part, si je pouvais faire encore plus de mal à Camilo en martyrisant sa petite brute, c'était un pur délice. Je restais en face de lui, qui était incapable de riposter, ou de crier. Il se contentait de prendre ce que je lui donnais, comme un gentil garçon. Son erreur aura été de s'égarer trop loin. 

“-J'ai imaginé des choses tout à l'heure, quand j'ai vu la haine dans tes yeux ? Tu ne penses pas que j'ai tué ce pauvre loser ?”

Je me tenais aux accoudoirs de la chaise.

“-Tu ne nous espionnais pas tout à l'heure, Graham ?”

C'était une dose de rappel. Il pouvait m'insulter si ça lui fait plaisir. Mais s'il ment, mon pauvre.

[Graham]

Le garçon ravala sa salive, réfléchissant attentivement à ses prochains mots. Tout écart visible sera mal prit, et il allait morfler. En même temps, il fallait cacher certaines choses à tout prix. Il soupira furieusement.

" - ... Si, tu l'as fait."

Il lui avait tiré dessus, et il avait manqué de se noyer dans la mer. Le rappel glacial de ce souvenir qui lui revenait en tête le plongea dans une longue divagation. Que ce serait-il passé s'il n'avait pas été là ? Est-ce que c'était pour ça que ce type était là à le frapper ? Parce qu'il l'avait vu ?

" - Je bosse ici, connard. J'étais ici bien avant tous les autres. J'ai le droit d'être et d'aller où je veux."

Il remonta ses yeux vers son visage, confrontant son tortionnaire. Ce dernier s'appuyait à la chaise et se rapprochait davantage de son visage. Mais il ne flanchait pas. De toute façon si le coup devait partir, graham sera forcé de le prendre sans broncher.

[Frank]

J'ai regardé dans ses yeux à chaque paroles qu'il prononçait. My my, c'est qu'il était traumatisé par la mort de Camilo le petit gars. Il aura au moins fait bonne impression sur une personne, ce plouc. Je trouvais ça pitoyable, qu'on se le dise. Les morts ne veulent rien, ils ne reviennent jamais et que tu les venges ou non, ils ne peuvent pas plus s'en foutre. Passe à autre chose garçon.

Par contre il allait falloir que je le contredise sur la deuxième partie. Mon sourire s'élargissait, au fur et à mesure que je voyais la haine profonde contenir son visage. Oh, Graham. Ça ne me donne qu'une motivation de plus pour te battre à mort.

“-Je vais t'apprendre les nouvelles règles.”

J'étais tout dans la contradiction, ce qui faisait de moi une personne complexe à suivre. Cette fois, mon poing est part s'enfonce dans son ventre. 

“-N=°1 : tu ne montes pas à l'étage à moins d'être suffisamment gradé pour, ce que tu ne seras jamais.”