Partie 11 [Camilo x Graham]

[Graham]

Ce nouveau coup donné ainsi que ses paroles ne faisait qu'attiser sa haine. Il laissa entendre un sanglot douloureux, replié sur lui-même. Le garçon essayait de retenir un haut-le-coeur difficilement. Il allait lui briser les côtes s'il recommençait. En même temps, c'était suffisant pour le faire imploser sur lui-même.

" - De toute façon, qu'est-ce que ça change ?! Je vais pouvoir sortir de cette pièce et m'en aller librement ? Soit tu me sur-estimes, soit c'est vachement lourd comme piqure de rappel !"

S'il suffisait de le remettre en place, il aurait pu le faire ailleurs qu'ici. Ils auraient tous pu le passer à tabac et le laisser dans un coin du hangar. L'autre voulait quelque chose, Graham ne savait pas réellement quoi. Camilo était mort et n'avait eu aucun indice pour prouver le contraire jusque là. Il allait juste se débarrasser de lui, et qu'est-ce qui l'empêchait de l'avoir fait plus tôt ? Maintenant qu'il avait son identité, il pouvait tout aussi bien se débarrasser de lui.

[Frank]

Le téléphone du gamin vibrait dans ma poche. Peu importe qui l'appelait, il n'allait plus le faire pour longtemps. Je récupérais rapidement l'objet vibrant de ma poche, pour vérifier qui appelle. Quelqu'un qui appelait autant, ça ne peut être que sa mère ou sa meuf, ahaha ! Ce que c'est lourd, une meuf. 

“-Dis donc, tu dois être sacrément populaire.” 

Le dernier appel affiché était celui de “Maïa”. Je reconnaissais déjà un peu plus ce prénom que je n'ai pu reconnaître le garçon jusque là. Maïa, hmm. Maïa Maïa Maïa.

“-T'as profité de la mort de Camilo pour lui piquer sa meuf ? Ça c'est bas.” 

Je lui montrais l'écran, comme pour le mettre face à sa propre bêtise. C'était une pique gratuite, pour tout le reste, lui rappeler à quel point il est trop faible pour faire face à quoique ce soit. Son téléphone a heurté le sol dans un fracas qui ne pardonne pas, et je secouais doucement le poing avec lequel je venais de frapper cette petite fouine.

“-Tu sais quoi ? Je ne vais pas te tuer.”

Hmm. J'ai changé de plan. J'allais faire quelque chose de bien plus cruel, que de simplement le tuer.

[Graham]

Le garçon roula des yeux, exaspéré. Il pouvait garder ses remarques à la con pour lui-même. Il pencha la tête d'un côté pour effacer sur son épaule ce qui semblait être son propre sang, au coin des lèvres. Rien de bien grave, ça piquait juste.

En même temps, sa colère s'atténuait avec sa peur montante. Il ne pouvait tout simplement pas le laisser découvrir que Camilo était encore vivant. En même temps, comment ? Il ravala sa salive, silencieusement. C'était une longue attente terrible, jusqu'à ce qu'il entende son nom. Maïa. Il soupira discrètement, légèrement rassuré.

" - Oui, bien sûr, si ça te fait plaisir. Toujours une dame de plus que toi." crachait-il

Il regarda son portable se fracasser contre le sol. Ca ne pouvait pas mieux tomber. Il aurait dû le briser plus fort. Il releva les yeux vers l'homme en face de lui. Qu'est-ce qu'on pouvait faire de pire que la mort ? Qu'il essaye. Son arrogance venait de l'adrénaline qui prenait le meilleur de lui. Au fond, il claquait des dents de douleur et de peur.

[Frank]

Je vais me servir de lui comme un punching ball, et que Camilo regarde depuis l'enfer car ce ne sera pas joli. 

“-Je vais faire en sorte que le dernier souvenir que tu es de ton cher ami soit la douleur et la solitude. Avant qu'il disparaisse de ta mémoire pour de bon, tu vois.” 

C'est vrai, ça faisait combien de temps que les deux zigotos se connaissent, maintenant ? Peu importe, je sais qu'il n'a pas les moyens de préserver ses souvenirs. Je connaissais bien les effets de la perte de mémoire sur les gens.

“-Ta vie aurait été bien mieux sans lui, mon pauvre. Regarde où ça t'as mené.” 

J'ai violemment agrippé ses cheveux, en hummant l'odeur qu'il dégageait du garçon. Je me demande combien de temps il va encore tenir avant de perdre connaissance pour la première fois. 

“-Mais t'en fais pas. Avec un peu de chance, il te restera des restes de la colère de ne pas comprendre pourquoi tu te retrouves seul, dans une chambre d'hôtel.”

[Graham]

Le garçon l'écoutait attentivement. Le faire disparaître de sa mémoire ? Camilo ? Graham aurait voulu dire qu'il n'était pas capable de l'oublier. Ce serait un énorme mensonge. Tout le monde perdait ses souvenirs, le poids émotionnel ne valait rien. Il ravala sa salive. Il ne savait pas ce que ce type lui réservait, mais ça n'allait pas lui plaire.

" - Je t'interdis de parler de lui comme ça."

Il y avait bien des choses qu'il pouvait supporter. De toute façon, au point où il en était, la situation ne pouvait pas être pire. Même si son portable ne pouvait plus révéler son secret, il n'avait aucun moyen d'appeler au secour. Personne ne risquait de savoir où il était et même, de jeter un coup d'oeil. C'était peut-être mieux comme ça. Même si Graham se sentait terriblement seul en ce moment même, au moins ses proches n'étaient pas plongé dans la même galère.

L'autre ne pouvait pas s'empêcher de le toucher d'une manière ou d'une autre ceci dit. Graham grimaçait, grognant tandis qu'il lui tirait les cheveux. Graham mourrait d'envie de lui faire du mal, et de se tirer d'ici. Il soutenait son regard. Peu lui importait d'avoir peur, ça non plus ça n'allait pas l'aider dans sa situation actuelle.

" - Lâche moi." grondait Graham

[Frank] 

Que je le lâche ? Très bien, s'il voulait. J'allais remplacer l'agrippement de ses cheveux par quelque chose de moins agréable alors.  Une fois mis en garde, je lui ai mis une sacrée droite, et le pauvre gamin, incapable de contrecarrer le coup a perdu l'équilibre. Bon, il ne tombera pas plus bas. 

“-Tout ce qui s'apprête à t'arriver est de la faute de Camilo, ok ?”

Oh, je n'étais même pas sûr qu'il m'entende correctement, mais soit. J'allais suffisamment lui répéter pour qu'il ne se rappelle que de ça en revenant à ses états. Bon, j'essaierais de ne pas le tuer.

Pour changer, je lui ai mis un coup de pied bien placé dans le ventre. Moh, je l'entendais couiner, adorable.

“-Parce que, c'est bien pour une connerie de vengeance que t'es là, non ?” 

Quel con, sérieux. Tout ça pour retenir un peu plus longtemps ce dont il aura oublié l'existence dans cinq mois. Pff. Je me suis accroupi, les bras croisés.

“-Tu m'entends, Graham ? C'est de la faute de Camilo si t'es là. Tu crois qu'il serait venu s'il serait encore vivant ? Il s'en moquait pas mal de toi. Mais, j'imagine qu'on a besoin de s'accrocher à quelque chose d'autre que soit, quand on passe sa vie à oublier sa propre existence.”

[Graham]

Déjà sonné par le coup, le choc de se retrouver à terre n'aidait pas. Ses oreilles bourdonnaient. Il étouffait ses sanglots entre ses mâchoires serrées, se tenant la tête en agrippant ses propres cheveux à sa nuque. Même caché dans ses bras il n'avait pas un moment de répit. La douleur physique lui arrachait déjà quelques larmes, mais les paroles étaient terribles aussi. La faute de Camilo ? Graham s'était condamné tout seul en revenant ici. Camilo n'y était pour rien. C'était sa seule colère qui l'avait fait plongé, rien d'autre.

Le second coup avait eu l'effet de l'achever. Il cria ses pleurs, une main sur son ventre et l'autre pour couvrir sa bouche tandis qu'il se laissait rouler sur le dos, pleurant de haine. Le reste de ses mots étaient encore plus coupants. Camilo était vivant, justement. Et il ne viendra jamais, c'était un fait. Ce n'était la faute de personne dans cette histoire. Cependant, Graham avait eu ces moments de doutes envers lui, lorsqu'il le repoussait et ne souhaitait pas le répondre. De plus, il connaissait Maïa depuis plus longtemps qu'il ne le connaissait lui. Graham avait d'ailleurs pensé que les deux ensembles iraient merveilleusement bien, n'est-ce pas ? Il se travaillait lui-même sur des sujets qui ne faisaient pas sens. Graham n'avait pas envie ni d'en parler ni d'en entendre parler.

" - La ferme, la ferme, ferme là bon sang !"

(Rip Camilo qui est en train de le chercher partout)

[Frank]

Personne n'aimait apprendre qu'il vivait pour un autre et non pour eux. On vivait tous pour les autres, puisqu'on limite ainsi nos propres actes pour écoper d'une liberté a part égale. Hmm, je n'ai jamais été pour le partage de toute évidence. Les cris et sanglots du garçon étaient une douce chanson pour mes oreilles. Là, je fais ce que je veux. Le fait qu'il ait compté pour cette idiot de Camilo ? Bonus. Est-ce que je pouvais calquer de la haine sur toute l'affection qu'il avait eu pour lui.

“-Shhh, t'en fais pas, ça va aller.” 

J'ai passé ma main sous ses joues, brûlante de douleur a cause des coups qu'il avait reçu. Je n'étais pas tendre, le passif de boxe dans la peau. Il s'en sortait étrangement bien. Bien amoché ceci dit.

“-Je vais te libérer de son emprise, Graham. Tu verras. Tu n'auras plus jamais à souffrir comme tu l'as fait avec lui.”

Comme je m'apprêtais à le faire souffrir.

(Ecoute il est mort ou il est pas mort ? x'D)

[Graham]

Petit à petit il essayait de se calmer. Il fallait aller vite cependant. Graham n'avait jamais été amené à pleurer comme ça, du moins pas dans ses souvenirs. Il passa plusieurs fois ses mains sur ses yeux, tant pis si ça faisait mal, ou si ça s'irritait avec le frottement. Sa poitrine se saccadait alors qu'il s'étouffait lui-même pour couvrir le son de ses sanglots. Il ne savait pas s'il avait envie qu'on vienne le chercher, ou que personne ne puisse remarquer l'état dans lequel il était. Il était dans une situation plus que misérable.

Sa main sur sa joue lui fit l'effet d'une claque. Un frisson de dégoût lui parcourait l'échine. Graham avait bondi debout, loin de lui. Il pouvait supporter les coups, mais les marques douces venant d'un type comme lui était d'autant plus abominables. Le peu de stabilité qu'avec Graham, notamment à cause de ses souvenirs manquants ne pouvait pas se faire briser par un simple lavage de cerveau musclé.

" - Je t'interdis de me toucher, tu comprends pas ça ?!"

En même temps, il n'avait pas imaginé les conséquences des coups reçus sur son corps. Il ne tenait pas plus de quelques secondes debout avant d'avoir un haut-le-coeur et les genoux qui flanchent. Il s'agenouilla, une main sur le sol et l'autre à ses lèvres, le visage baissé de honte.

(Pfff, il va chercher à joindre Ledger --)

[Frank] 

Si je voulais espérer lui laisser un semblant de souffle d'ici là que je me sois défoulé, je devais lui laisser quelques secondes de répits, avant de ré-enchainer. Je revenais donc faire ce geste si basique pour moi, qui est d'agiter ma main comme si elle était trempée. Quelque part elle l'est, mais je ne peux pas vous garantir que ce soit de l'eau. J'ai quelques perles du sang du gamin sur mes propres doigts.

Si je le capturais en le gardant suffisamment longtemps, est-ce qu'il développerait un syndrome de Stockholm bizarre ? Ce gosse a l'air perdu, est-ce que n'importe qui lui convient du moment qu'il a quelqu'un à suivre, ou à venger ? Je ne comptais pas m'intéresser à lui à ce point. Ça restera le temps d'une après-midi, et sans plus. Puis, en fonction de l'état de son corps, il finira soit à l'hôpital, soit à la morgue. Question d'endurance, hein.

“-Debout.” dis-je simplement, en venant le récupérer négligemment.

J'adorais les agripper aux cheveux, comme s'ils ne valaient rien de plus qu'un punching-ball humain. Je le refaisais avec Graham. Ouch, il est pas très beau à voir, là. Un Doliprane et ça ira mieux.

“-Prépare-toi, Graham.” 

Parce que ça allait être long.

(Je fais une ellipse)

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Mes poings étaient rouges. Graham ? Toujours en vie, je crois. Mais il avait passé un sale quart d'heure, pour sûr. Parler de Camilo le mettait dans une colère noire, alors je n'ai fait que ça. Il était plus coriace qu'il en avait l'air. Je n'avais rien d'autre que mes poings pour lui donner une leçon, mais je crois que ça a suffi. Et quand il avait le malheur de s'évanouir, mon pauvre. Je le réveillais avec de l'eau froide. Et le cycle s'est répété, un long moment. Ma propre chemise était tachée de sang, et je crois que simplement ce n'est pas une leçon qu'il est prêt d'oublier.

La dernière fois qu'il s'est évanoui, je ne l'ai pas réussi à le réveiller. Il respirait toujours, du moins, il aurait au moins le mérite d'aller à l'hôpital après tout ça, et non à la morgue. Je ne craignais pas vraiment qu'il se rende à la police. Si seulement il sort de l'étrange coma dans lequel il semble s'être adonné.