Chez Camilo

[Graham]

Eh bah, qu'est-ce qu'il avait à le regarder comme ça celui-là ? Graham déposa sa bière à moitié vide sur la table, sans quitter Camilo des yeux, et récupérer ses propres chaussures. Il les mettait en quelques secondes, sans défaire ou refaire les lacets.

Il ne rajouta rien de plus, considérant que le regard soudainement affolé de Camilo semblait déjà en dire long. Il pouvait tout aussi bien changer d'avis, La Luce était sur le chemin. Mais si ça pouvait lui permettre de voir Camilo  un peu plus souvent, il ne risquait rien.

Une fois habillé comme à  l'arrivé, Graham jeta un coup d'oeil à sa tenue pour arranger les petits détails, pour se tourner enfin vers Camilo. Toujours les mêmes chaussures, sans que ce soit la même paires pour autant. Graham se disait que s'il voulait se faire pardonner de quelque chose, il n'aurait qu'à lui offrir une paire, mais difficile d'en trouver une que Camilo ne possédait pas encore, finalement. Et comment ça s'appelait, ces trucs, déjà ..?

" - C'est bon ? Tu as fini ?"

[Camilo]

J'étais de retour au bout de cinq minutes, prêt au minimum possible. J'avais passé beaucoup de temps chez moi, sans sortir après ce qu'il s'était passé à la Luce. C'est drôle de se dire que c'est Graham qui m'en ait sorti, sans faire grand chose. 

“-Je suis là.” 

J'avais les clés en main, paré à partir. Alors j'ouvrais la porte de ma maison, que je retrouvais bien assez vite. Je ne saurais pas dire combien de temps s'était écoulé entre le moment où Graham est venu, et puis ce moment précis. Quasiment rien, c'est l'impression que j'en avais. J'aurais voulu que ça dure plus longtemps ceci dit.

“-Merci d'être venu, ce soir.”

[Graham]

Il se  mit à sourire pour répondre à Camilo. Ca lui avait fait autant de bien à lui qu'à Graham, et il mentirait s'il n'était pas venu aussi pour lui-même.

" - Tu sais, je vais être honnête."

Graham avait passé sa vie dans l'ombre de lui-même, sans souvenir, sans famille maintenant, avec très peu d'amis. les gens à qui il tenait, il les gardait en joue ou à des kilomètres de sa personne, par protection.

" - Je ne peux pas te promettre que je reviendrais te chercher si tu décidais de me refaire le coup, Camilo."

Grahama avait assez de peine à gérer, et il avait appris à laisser partir les gens qui n'osaient pas le lui dire en face. Si Camilo avait besoin d'espace, plus que ce que la présence de Graham lui accordait, il pouvait bien partir sans dire un mot.

" - Tu peux tout me dire, même si tu n'es pas obligé de tout raconter. Tu peux compter sur moi, il te suffit juste de m'envoyer un message si tu as besoin de quoi que ce soit. J'aimerai juste que tu n'hésites pas à faire ton choix, la prochaine fois."

[Camilo] 

Une fois Graham dehors, je refermais la porte, tout en portant une oreille attentive sur ce que pouvait me dire le cuisinier, derrière mon dos. 

J'hochais la tête. Et moi, en même temps, ce serait injuste de lui garantir que ce serait la dernière fois que je ferais ça. Pas que je sois très instable, mais ce genre de faiblesse arrivaient à tout le monde; moi inclus. Et si ça se reproduisait, qu'est-ce qu'il se passerait ? 

Ça me touchait, ce qu'il disait. C'était important à mes yeux, aussi de savoir que je pouvais compter sur lui. Et j'aimerais qu'il puisse compter sur moi autant. Mais, on avait assez parlé pour se relancer dans une autre discussion profonde. 

“-Je le sais, maintenant.”

[Graham]

Il avait dit ce qu'il avait à dire. C'était une bonne manière de clore ce qu'il venait de se passer. Graham n'avait pas du tout envie de perdre Camilo, et dans le fond pourrait bien revenir le tirer de sa tanière s'il décidait de s'y terrer encore une fois. Graham ne pouvait totu simplement pas se permettre de s'occuper d'un enfant apeuré à tout va, ceci dit.

Une fois la réponse de Camilo claire, il entreprit de rejoindre sa voiture en sifflotant, reprenant un semblant de sourire sur ses lèvres. Bien spur qu'il serait capable de faire de grandes choses si ça pouvait tirer son ami d'une mauvaise passe.

" - Aller grouille, t'es lent !"

[Camilo] 

Oui, maintenant je le savais. Je détestais agir ainsi, et comme de nombreuses personnes je n'aimais pas paraître faible devant les autres. Pour cette raison il m'arrivait bien plus souvent de m'enfermer dans ma bulle quand ça m'arrivait, et il n'y avait pas toujours un Graham pour me sortir de là. Aujourd'hui oui. Et si un jour il n'était pas là, je le comprendrais. C'est moi-même qui lui avait dit qu'il ne pouvait pas mettre sa santé mentale de côté pour moi, jamais. 

Je n'ai pas pressé le pas lorsqu'il m'a interpellé, ça m'a juste fait un peu plus rire. C'était bon de l'avoir comme ami.

“-J'arrive j'arrive.” 

(Tu as une idée de ce qu'on fait pour les deux ensuite ? :o)

[Graham]

Une fois qu'il a quitté la porte et qu'il le rejoignait, Graham lui a adressé un sourire amusé avant de se glisser dans sa voiture. C'était drôle, c'était comme s'il avait sa petite place attitrée. Il pouvait suivre Camilo des yeux, à travers le pare-brise, tandis qu'il s'attachait tranquillement.

Il lui faisait assez confiance, peut-être pas encore les yeux fermés, certes, mais c'était suffisant. Du moins, il pouvait aussi agir comme une sorte de première fois à tout. C'était quelqu'un de calme, de réfléchi, d'assez mature même si certaines réactions semblaient être celles d'un enfant refoulé que d'un réel adulte. S'il y avait bien quelqu'un avec qui Graham pouvait rester naturel, et ne rien omettre ne pas mentir, c'était avec lui.

(ON FOUT LA MERDE) 

[Camilo] 

Je retiens un soupire en rentrant dans la voiture. Le temps de m'attacher, de mettre les clés aussi... Il faisait pas mal noir dehors, et quelque part je me félicitais d'avoir réussi à le raccompagner à chaque fois : Desmios est loin d'être une ville sûre le soir. 

“-Et nous voilà partis.” annonçais-je, alors que je tournais les clés. 

Graham allait sûrement encore s'endormir, ce qui n'est pas bien grave. Je m'étais habitué à force, il le faisait tout le temps. Ça installait une sorte de routine aussi, de quoi ne pas me perdre.

(MAGNIFIQUE)

[Graham]

Il tourna la tête vers Camilo, pour le fixer quelques temps avant de finalement se mettre à regarder la route. Il savait bien que Camilo s'apprêtait à le laisser partir à la Luce, et qu'il le guiderait presque inconsciemment là-bas. Ce n'était pas ce que l'adulte voulait ceci dit.

Il se pencha en avant pour apercevoir dans le noir, avec comme seule aide la lumière des phares.

" - Je vais devoir te guider, alors écoute moi bien."

Graham n'attendait pas plus de réaction de la part de Camilo. Il entreprit simplement de lui donner les indications en temps réel pour le guider jusqu'à chez lui. Quelques fois, il lançait quelques regards vers le chauffeur pour esasyer de discerner ce qu'il pouvait bien penser.

( Bon plus sérieusement, on fait ce qu'on avait dit ? Je ne sais pas si tu te rappelles :/) 

[Camilo]

Cette fois-ci, Graham ne s'est pas endormi. C'était bizarre parce que le silence était le même , sauf que l'inverse des autres fois je n'avais pas senti sa respiration ralentir pour aller sur le même rythme. Un rythme lent et régulier, celui que j'aimais bien associer comme étant l'apaisement. J'ai jeté un coup d'œil vers lui de temps à autre, or toujours très puisqu'il fallait avant tout que je reste concentré sur la route. Un accident est si vite arrivé, c'est loin de ce que j'espère quand Graham se trouve à quelques centimètres de moi. 

Pour changer des autres fois encore, je n'allais pas déposer Oden à la Luce -ou ce qui porta ce nom un jour. C'est quasiment devenu un automatisme pour moi, et mon corps a vu assimiler ce chemin comme si je l'avais toujours su : il fallait que je dépose Graham ici et pas ailleurs. Mais il s'est passé beaucoup de choses cette fois. 

J'hochais chez la tête à ses indications et les exécutait quand il m'indiquait qu'il fallait tourner à droite, ou encore à gauche... Il devait être un peu plus près à me faire confiance parce que dans notre amitié, j'étais celui qui se confiait le plus facilement. Alors je savais que c'était important, et ça me rendait content. J'espérais juste être à la hauteur, à sa hauteur.