Résolu Partie 1 [Caleb/Daniel]

-Je profiterai de tes 20 m°2 comme si j'étais dans une villa. T'en fais pas, dit-il en ricanant. 

Caleb n'en pensa pas grand chose, de cette conversation. À vrai dire, il savait que Daniel allait foncer droit dans un mur, et dans un mur bien plus fort que lui. Son passé était sûre douloureux, lais rien ne justifiait l'horreur qu'il étaler autours de lui.

Il s'assit. Il dégusta son repas avec appétit, puis il prit une douche, fit la vaisselle et alla étudier. Les heures passent. Une heure, deux heures du matin. Daniel ne revenait pas, et c'était tant mieux  :  le cirque de ce gars perturbait le rythme de travail de Caleb. 

[Daniel]

J'étais rentré, super tard, vers 3h30-4h00 du mat. Je m'étais battu avec l'un de mes gars, violemment. On se battait pas souvent, on était plutôt solidaire dans le genre. Mais on en était venu au mains.

Puis il avait sorti un cran d'arrêt. Il m'avait planté, ce con. Mais, je lui avait rendu, pire. Marrant, après la conversation avec Caleb. Ça faisait mal, mais c'était supportable. Ce n'était pas profond, et je n'avais pas l'air de mourir, ahaha. Alors je pouvais m'en charger. 

Les lumières étaient fermées, donc Caleb dormait, sûrement ? Pff, m'en foutais pas mal. Je me dirigeais dans la salle de bain, en appuyant sur ma plaie, au niveau de mon flanc gauche. J'avais beau pas le sentir, j'avais la tête qui tournait. Mais j'avais de quoi me soigner, ce genre de connerie m'arrivait souvent.

Alors j'allais dans la salle de bain, en fermant la porte. Je cherchais ma trousse de secours. J'étais pas médecin, mais bon. On m'avait suffisamment fait ça pour que je me débrouille des petites blessures tout seul.

-Donc toi, Daniel. 

Caleb allume la lumière, et regarda Daniel de haut. Il soupira. Voilà, ce qui arrivait souvent, quand on laissait ce petit con faire ses conneries la nuit, dans cette putain de ville de malades mentaux, qui butent des gens sans prise de conscience uniquement pour des raisons aussi merdiques les unes que les autres.

-Bon. Tu vas potentiellement me gifler, me torturer pendant mon sommeil, me sodomiser avec un godmichet trouvé dans une poubelle et me refiler le sida d'une meuf de quatre-vingt dix piges;  en d'autres termes me faire du mal mais. 

Caleb s'approcha de lui et appuya sur sa plaie, en cherchant dans la pharmacie de quoi le soigner  : 

-Mais laisse moi te dire que tu es sacrément pitoyable et ridicule. Tu pues le sang, tu pues le ridicule. Tu trouves ça normal de venir à quatre heures du matin, chez toi, ensanglanté  ?  

Caleb se gratta la tête, en levant les yeux au ciel. 

-C'est quand que tu vas arrêter ta crise d'adolescence Daniel  ?  

[Daniel]

J'ai sursauté ma race. Putain qu'il dormait pas ce bâtard.

J'ai grimacé. Fais chier, ouais. Mais j'avais vite ravalé tout ça par un sourire.

-Hé, laisse. 

Et vas-y qu'il ne m'écoutait pas. Il en avait rien à foutre. 

-Ça te regarde pas.

J'ai stoppé sa main, en le regardant. C'est marrant mais, ses petits noms d'oiseaux me passaient par dessus la tête, presque.

Puis je me suis éloigné de lui, en m'asseyant sur le rebord de la salle de bain. Jamais, je le laisserai pas me soigner.

-Ça, c'est l'un des trucs que je ne veux pas que tu fasses. Ne me soigne pas, que dalle. C'est ma merde, ma plaie, alors laisse-moi me soigner tout seul. 

J'étais trop crevé pour l'engueuler, en fait. Mais je souriais, en me grattant la tête, puis en lui faisant signe de partir.

-Bon vent, Caleb.

-Bon. 

Il insistait pas. Daniel voulait se débrouiller ?  Faire le bonhomme ?  Faire le mec fort  ? Aucun problème. Caleb était doué dans ce domaine. Dans son pays, les hommes ont approximativement cette mentalité. Mais pour d'autres finalités, ça c'est sûr. 

Caleb, prit une chaise et s'assit devant lui. Il croisa les jambes comme la pire des pétasses, croisa ses bras, et le regarda.  

-J'ai hâte de voir comment tu te débrouilles. Dans cinq minutes, tu t'écroules par terre et tu te vides de ton sang jusqu'à ce que, moi, Grand Protagoniste de ton histoire douteuse, vienne te voir à quatorze heures car vois-tu, j'allais faire une grande grasse matinée et profiter de mes heures de sommeil comme tout être humain réfléchi sur terre ; et tu serais par terre, en train de supplier de l'aide ou peut-être mort comme un con. Ou bien, tu vas te "soigner" en apparence ce qui est fort possible, mais le mec qui t'a fait ça a pu mettre de la merde sur ses lames, t'y penses ça, de la putain de merde  ?  Pour infecter les plaies  ?  C'est une technique connue ça. Et vue la façon dont il t'a blessé, c'est rien d'autre qu'un poignard.  

Caleb sortit son livre de poche, mimant une lecture intense. 

-Mais vas-y, ne te dérange pas pour moi. Poursuis ta connerie. 

[Daniel]

Je ricannais. J'avais beau pas sentir tant que ça la douleur lancinante qui me parcourait, j'avais oui, la tête qui tourne.

-Vois le bon côté des choses, le proprio de l'appart te fera rien payer si il y a un mec mort dans l'appart. Tu pourras le faire chanter. Les cadavres ça ne fait pas bonne pubs.

J'ai grimacé. Non, ce con ne comprenait pas. Je ne veux pas qu'il soit là, pendant que je me soigne. Ce mec, me prend la tête avec sa morale, ses grands airs, et tout le délire. 

Je me suis frotté les yeux. Putain. J'ai alors enlevé mon tee-shirt. Je pouvais me le permettre, il ne pouvait pas voir l'état de mon dos, j'étais en face de lui. Puis je lui ai tendu la trousse, en lui donnant un petit coup de pied pour qu'il réagisse.

-Vas-y. Mais par contre, tu la fermes. Tu te contentes juste de me soigner. Sans prise de tête. Tu pourras me rappeler à quel point t'es meilleur que moi quand tu m'auras soigné.

Je souris, encore. 

-Okay Maman ?

(Je vais dodo, à demain !)

Caleb se leva de sa chaise, et ramassa la trousse pharmaceutique. Il y avait peu de choses dedans, de l'alcool, et quelques produits un peu bizarres qu'il ne prendrait pas le risque d'utiliser. 

-Le proprio de l'appart comme tu dis, il t'utilisera comme tapis d'entrée avant de venir me demander un loyer plus conséquent que ce que tu payes habituellement uniquement pour se venger de toutes les merdes que tu fais. 

Caleb attrapa la chaise, fit assoir Daniel dessus, et s'empressa d'utiliser le haut de ce dernier en guise de tissu protecteur.

-Je pense que s'il avait infecté sa lame, et vue la façon dont tu marchais en venant jusqu'ici, tu aurais eu le temps de sentir ton corps s'affaiblir ou de gerber dans un coin. Mais on ira voir le médecin, juste après. Je m'en bas les couilles. 

Il retira le vêtement de la plaie. Ça allait, ça ne semblait pas profond, mais il avait touché le flanc. Ça ne saignait plus trop. C'était quand même délicat. 

Il soupira, couru rapidement vers la cuisine, apportant avec lui un grand verre d'eau, une barre de chocolat et une banane. 

-Mange un peu et bois, ça te réveillera et te ça donnera un peu plus de force. Je peux pas t'aider si tu tombes dans les pommes là. Tu dois m'aider pour ce coup. 

Il jeta un peu d'eau tiède sur le front de Daniel, et, malencontreusement, toucha son dos. Il sentit une sorte de creux, mais il comprit rapidement qu'il devait faire comme s'il n'avait rien touché et comme si cela n'avait aucune importance. 

-Je me contenterai juste de te soigner, ouais, comme d'habitude.  De base, j'étais censé me contenter de te faire la vaisselle et à bouffer. Puis le ménage. Puis le linge. Puis le repassage. Puis les courses. Puis ton bricolage. Puis tout en fait. 

Il savait qu'en parlant, il tenait Daniel réveillé. Il en profita pour dire ce qu'il pensait de tout ça, de tout ce qu'il traversait en tant qu'hôte chez lui. 

-Mais notre deal, c'était aussi que tu respectes ma vie. Tu ne la respectes pas. Je bosse, putain. Je travaille nuits et jours Daniel, je vais pas pouvoir m'assurer à chaque fois que tu ailles bien. Putain... Y'a du sang de partout en plus. 

Il prit soudainement l'initiative de couvrir son matelas de plusieurs serviettes avant de porter Daniel, et de le poser dessus. Avant de l'allonger sur le lit, il lui souffla une dernière parole  : 

-Et je n'ai jamais prétendu être le meilleur de quoi que ce soit. 

Puis, il sortit rapidement de sa chambre. Il avait prit le temps de piquer la clé de Daniel pour l'enfermer dans sa propre chambre, afin d'appeler sa pote médecin. 

Comme Daniel allait le deviner, il s'excusa d'avance en composant le numéros  : 

-Désolé, "petit" comme tu dis si bien. Ta "maman" fait ça pour ton bien. 

[Daniel]

En l'entendant encore parler, je soupire. Putain, il va pas fermer sa gueule. Non, non. C'est trop demandé. 

Je ne fais rien, l'écoute parler sans rebondir sur ce qu'il dit parce qu'honnêtement, je m'en doutais royalement. Ce mec, je m'en foutais, ce qu'il disait aussi. Je jette un coup d'oeil à ma plaie. Ça n'avait même pas l'air si grave, je regrettais qu'on s'occupe de moi. Ça m'horripile, parce combien même ma vie n'est pas ordonnée, ni même légale, je m'en sortais. J'avais pas besoin de lui.

J'ai grogné en le sentant toucher mon dos. En fait, j'ai failli le frapper. Ah, ça non. 

-Fais gaffe.

Il ne devait en aucun cas me toucher ici. Je faisais ce qu'il disait autrement. Je mangeais, j'ai grogné quand il m'a porté, encore. Car il touché mon dos et que ça m'insupportait.

Je m'étais relevé du lit, parce que faut pas déconner, quand même.

-C'est pas bien compliqué d'être meilleur que moi, y'a rien à prétendre.

Je l'avais marmonné, très bas. Putain non.

-Éteins ce putain de téléphone.

Je crois que je vais revenir à l'idée de base. Celle où je me soigne tout seul.

Caleb avait téléphoné à son amie qui risquait de prendre du temps. Il neigeait à Desmios, ce qui ne facilitait pas la route qu'elle devait prendre. 

Lorsqu'il raccrocha, il rentra dans la pièce et s'étira. Caleb était explosé. Il était fatigué, et demain il devait faire cours à la fac à seize heures. Il croisa les doigts en priant intérieurement d'être en forme. 

Puis, il regarda Daniel. Il soupira, prit une fois encore la chaise et s'assit devant lui, mettant sa tête entre ses mains. 

-Alala... Daniel... 

Il le regarda quelques instants, posant sa tête sur son poing. 

-Tu auras au moins un motif pour me dégager de chez toi après. 

[Daniel]

-Je t'ai pas demandé de faire ça. répondis-je

C'est vrai, je ne lui avait pas demandé ça. C'est lui, qui prenait ses initiatives tout seul. 

Je me remettais en tailleur, en grimaçant à cause de la plaie. Ça faisait pas mal, c'était juste dérangeant. C'est con à dire mais, j'aimais bien la douleur, on peut pas vraiment dire que je cherchais à l'éviter.

Je regardais la neige tomber, le long de la fenêtre. Ah, la neige. Elle faisait souffrir mes vieilles cicatrices, comme la pluie. Bizarre.