Partie 14 [Graham x Camilo]

(Du coup je fais une ellipse de quelques semaines sinon mon personnage va pas pouvoir s'en sortir)

[Graham]

Ses cheveux avaient tous retrouvé leur couleur d'antan. Au fil des semaines et de son éveil, il avait pu parvenir à se faire couper les cheveux, juste les bouts des mèches qui arboraient ce bleu délavé. Les points de sutures n'étaient plus, pour la plupart, mais son corps était parsemé de petits éclairs blancs, de blessures qui cicatrisaient encore. Il pouvait marcher, lever les bras, respirer normalement. Toute activité sportive intense était pour le moment prohibées.  Les bleus étaient devenus noirs, puis jaunes, et partaient petits à petits. Il se cacha juste bien d'annoncer à ceux qui venaient le visiter les seringues qu'il avait volé sur les étagères et les armoires, et les petits flacons de morphines qui gardait précieusement sous les draps avec lui.

Avec Elio, Ledger, Maïa, les choses redevenaient petit à petit ce qu'elles étaient avant. Ledger avait d'abord manqué de l'étrangler dans le lit, puis de fondre en larme dans ses bras, puis de l'étrangler une seconde fois quand Graham a parlé de sortir de l'hôpital. Personne n'avait échappé à sa requête de le faire sortir. Ca n'allait pas être long désormais, de toute manière. Il était à ça, à quelques jours à peine de pouvoir finalement retourner chez lui. Ledger passait parfois lui ramener des vêtements. Pour l'instant, sa garde robe consistait plus de leggings, de pulls amples, tout ce qui pouvait consister un mix entre un pyjama et une tenue confortable. Graham n'aimait pas cette sensation que tout le monde pouvait passer dans sa chambre et qu'il était confiné seulement dans sa petite bulle médicale, mais bon.

Tout ceci n'était que de bonnes nouvelles, qui lui redonnait le moral. C'était étrange, d'avoir la mémoire qui flanche. C'était prendre une sorte de nouveau départ. Cette fois, Graham n'était pas seul, et c'était peut-être ce simple fait d'être soutenu qui l'avait aidé à se rétablir si vite - et sa peur des hôpitaux aussi, peut-être. A force, il essayait de se rappeler des petites choses auxquelles il pouvait se raccrocher. Les noms, les horaires, les produits autour de lui. Bientôt, Elio allait traverser la porte et le rejoindre. En attendant, Graham laissait pianoter ses doigts sur sa basse, que Ledger avait aussi ramenée. La musique ne s'oublie pas.

(T'inquiète !)

[Frank]

Ces derniers temps, il a fallu que je me fasse oublier de ma propre hiérarchie. Les affaires extrascolaires que j'ai à côté continuaient à se développer pour sûr, mais j'ai un petit problème, ces derniers temps. Plusieurs, même. 

Pour commencer, Camilo est vivant. En chair et en os, il est vivant. J'ai vu son poing de suffisamment près pour en avoir la confirmation sûre. Par je ne sais quel miracle, cet enfoiré respire au lieu d'aller nourrir les poissons -quoique, j'ai ma petite idée sur la personne en question. Le tuer serait trop suspicieux après ma dernière entrevue avec le Don. Second problème, la hausse des taxes qu'Emilio me fait subir élève un tout autre problème. Il est possible que ce dernier soit au courant concernant la rébellion des gangs, et plus exactement concernant  qui organise tout ça. Il n'a rien laissé sous-entendre à ce sujet, mais d'un autre côté pourquoi Camilo se serait gêné de balancer ? 

Dans les deux cas, cet enfoiré allait payer, et cher. Sur mon propre chemin, je souriais. Chambre 325, me semble-t-il. C'est le chiffre qu'on m'a donné. Ce qui est beau avec Camilo, c'est que je savais exactement comment lui faire mal sans même avoir à l'approcher. Je vais en démontrer la preuve juste après. Mes pas résonnent dans le long couloir, jusqu'à ce que j'apperçois la porte qu'on m'a indiqué. Parfait. Rien pour annoncer ma venue, je suis simplement rentré dans la chambre. La chambre qui était déjà bien bruyante, si je puis dire. Les mains enfoncés dans mon manteau, j'ai reconnu le garçon au chevet. Les marques moins visible qu'il arbore encore sont sans aucun doute les miennes. 

“-Eh bien, monsieur fait de la musique ?”

[Graham]

La basse possédait des qualités qui plaisaient à Graham. Déjà, les vibrations grasses lui plaisait beaucoup, ça avait un côté très apaisant. Il ne fallait pas avoir d'ampli à proximité pour avoir besoin de l'entendre et, s'il fallait le faire doucement comme Graham le faisait actuellement pour éviter d'ennuyer les voisins de sa chambre, il le pouvait tout autant. Sa house était jetée de manière négligée à côté de son lit tandis que ses doigts glissaient sur le manche. C'était un instrument un peu plus grand qu'une guitare normale, plus lourde aussi. Indispensable dans la majortié des musiques.

Son calme apparent n'allait pas duré bien longtemps. La porte s'était ouverte, comme il l'avait prévu, oui. Mais son sourire satisfait d'avoir enfin un peu de temps avec Elio s'étouffait sur lui-même et disparaissait. Son visage était devenu livide, tandis qu'il resserrait ses mains autour de sa basse comme son unique protection.

" - Je me rappelle de toi."

[Frank]

La basse ne s'est pas tout de suite arrêté. Au fur et à mesure qu'il prenait toutes les implications que j'encombrais, son teint devenait livide. Mon sourire à côté ne prenait que d'ampleur plus grande. En refermant la porte derrière, je le laissais seul avec moi, en fermant toute possibilité pour lui de s'échapper. Ah, s'échapper pour partir où ? Je ne doute pas de la rapidité avec laquelle je pourrais le rattraper s'il poussait ses espoirs trop loin. Ceci dit, je ne suis pas là pour lui faire de mal. 

“-J'espère bien.”

Sinon mon petit cours d'initiation n'aura servi à rien. À bonne distance du garçon, je regardais en direction de la fenêtre de sa chambre, revenant à lui de temps à autre.

“-Graham, c'est ça ? T'es un vrai survivant dis-moi.” 

On a des choses à se dire toi et moi d'ailleurs.

[Graham]

Le garçon était plus qu'alerte. L'hôpital, et Frank en même temps, là c'était trop. Mais il ne pouvait rien lui faire, non ? Pas ici, pas maintenant. Ca se verra. S'il appelait à l'aide, les gens seraient rapides à venir, dans un hôpital. Graham reposa sa basse sous son lit, la tenant loin de toutes actions.

" - Sors de ma chambre. T'as aucun droit de rester ici. Je te promet que je te raterai pas, cette fois-ci."

Graham avait ses propres petites seringues à proximité, il était simple de crever un oeil ou autre. Mais la violence n'était pas quelque chose dans laquelle il voulait se bercer actuellement.

" - Tu retenais tes coups, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même." feulait-il

Son visage s'assombrissait en l'écoutant. Malgré son sang froid, Graham était terrifié de lui. Tous ses souvenirs lui revenait en mémoire, et il était bien content d'être dans son lit, autrement ses jambes auraient lâché sous la pression.

[Frank]

“-Si je retenais vraiment mes coups, tu devrais peut-être t'estimer de ne pas être tout simplement mort.”

Dans son petit coin d'hôpital, il ressemblait à un vrai petit animal effrayé. Enfin, il gardait sa fierté et ne me suppliait pas de le laisser tranquille, c'est déjà ça. Même une frêle petite créature comme lui doit avoir une raison de vivre idiote, semble-t-il. Son ardeur est un vrai petit stimulant pour moi. Vous ne trouvez pas qu'il y a une véritable force à être l'origine de la peur de quelqu'un ? Elle peut soit nous amener à agir, soit nous amener à ne rien faire. Dans le cas de Graham, la deuxième option se démarque bien.

“-Enfin, je ne suis pas là pour ça. On a des affaires à régler toi et moi, tu te rappelles ?” 

[Graham]

Non, non et non. il n'y avait absoluement rien à régler. Ils n'avaient rien à se dire, rien qui les retenaient à se voir. Pourtant, Frank était là, en face de lui. Quelque part, Graham était content d'être ici où n'importe qui pouvait rentrer dans la pièce, que l'endroit insalubre dans lequel on l'avait battu à mort parce que justement, personne n'était venu au bout moment.

" - Va te faire foutre. J'ai rien dit à la police, mais jusque là je considère fortement de le faire."

Graham n'avait rien dit par fierté, mais même s'il avait eu le bon sens de le faire, c'était la parole de cet homme contre la sienne. Contre la sienne qui était absolument vierge et amnésique. En d'autres termes, elle n'allait pas du être être acceptée comme valide. Il pouvait toujours rêver. Mais il fallait se débarrasser de lui avant que quelque chose de malheureux n'arrive.

En même temps, Graham se posait de sérieuses questions. Pourquoi est-ce qu'il était revenu, après ce qu'il avait fait ? Ses actions avaient été suffisantes pour handicaper Graham sérieusement jusque là, au point même où il en avait perdu la mémoire et la notion du temps. Quelque chose ne tournait pas rond.

[Frank]

“-Oh, crois-moi, on a des affaires à régler.” 

J'avais un message à passer, et si je dois le faire passer, je le ferais passer en force. 

“-Ça peut se passer calmement, mais si tu ne m'écoute pas, je peux rapidement perdre mon calme, tu ne te souviens pas ?”

Je souriais mauvaisement, en me remémorant notre après-midi passée. Pour moi, c'était un chouette. Je me suis plus à voir que le mental du garçon avait été trempé dans le fer. Après tout, c'est d'autant plus glorifiant de réussir à briser leur carapace après avoir fait ça. Pour le peu que je sois puni pour ce que lui avoir infligé ça en plus.

“-Tu choisis. Tu préfères la méthode forte ? Avec plaisir, mais je peux te garantir que tu passeras tout de suite à la case de la morgue.”

Je mentais. Emilio m'a à l'oeil, que je le tue ne m'apportera que des soucis. Moi je vide quelque chose de bien plus encombrant : la discorde. 

“-Ou, on peut simplement parler, toi et moi. Et je te promets que d'ici cinq minutes je serais parti comme si de rien n'était.”

[Graham]

Graham n'avait nullement envie de l'écouter, peu importe ce qu'il avait à dire. S'il était là, ce n'était pas pour disccuter autour d'une tasse de thé. Quelque chose allait très mal finir, et Graham devait réfléchir vite pour comprendre quoi. S'il n'en était pas capable, il fallait le faire sortir d'ici.

" - Non merci, sans façon. J'ai déjà mis du temps à me remettre, je n'ai pas envie de recommencer."

Même si les tendances suicidaires du garçon n'étaient plus à tester, il n'avait pas non plus envie de perdre la vie de façon aussi idiote, et en plus de la main de ce type. Les autres risquaient de ne pas s'en remettre. Après les avoir vu et côtoyer pendant plusieurs jours, Graham avait pu se rendre compte de l'impact qu'il avait eu, même s'il refusait de se mélanger à eux, de sortir de sa propre forteresse.

Mais en y réfléchissant, comment pouvait-il le faire sortir d'ici ?

Graham descendit de son lit, sans perdre l'adversaire des yeux. Il restait debout, sans faire un pas de plus. Au moins, il pouvait lui montrer qu'il n'avait pas peur de lui, qu'il pouvait toujours le confronter. Ce n'était pas vrai, et vu son état actuel Frank n'avait pas besoin de le martyriser comme il l'avait fait, un seul coup suffisait.

" - J'attend quelqu'un, qui ne devrait pas tarder. Je te conseille de partir."

[Frank]

Dans ce cas, ce sera plaisant de discuter. Et puis, peu importe ce qu'il dit, à la fin je ferais bien ce que je veux. C'est un simple geste de courtoisie, j'aime bien donner mine aux autres qu'ils ont le choix quand ce n'est pas le cas. Ils ont une toute petite lueur d'espoir d'espérer s'en sortir, je me fais toujours un malin plaisir d'être la main du destin qui y met un terme.  

Sur mes hanches reposait ma propre arme. Elle était là, simplement pour assurer mes arrières. Du moins je ne me pense pas suffisamment idiot pour tirer dans un endroit public. Disons que ça agit comme une assurance pour le tenir à carreaux.

“-Oh, tu attends quelqu'un ? Camilo, peut-être ?”

Oh, ce serait fantastique qu'il arrive maintenant. Enfin, pas immédiatement, tout est souvent dans le timing. Mais je paierais cher pour voir sa tête.

“-Tout comme tu attendais qu'il vienne te chercher la dernière fois ?”

Avec la délicatesse d'un chat, je me suis laissé tomber sur un fauteuil avoisinant, un peu plus loin. 

“-D'ailleurs, tu savais qu'il était toujours vivant ?” 

Je suis sûr et certain qu'il y est pour quelque chose. Sa présence à la nurserie se justifie bien plus qu'un simple boulot. Il était là pour Camilo.

“-Je crois que je ne t'apprends rien.”