Résolu Partie 4 [PV Caleb // Daniel]

(Moi je pense je la montre à mon frère il va me renier ce bâtard)

[Daniel]

Pff, je souffle du nez lorsqu’il en a fini. Et, je me tourne ailleurs, dans un coin  il ne pourra pas voir que, je souriais, ouais. Tout ça là, même si ce n’est qu’une fois, c’était pas aussi horrible que je pensais que ça le serait. 

Une fois que je suis sûr que mon sourire s’est dissipé, je me suis de nouveau tourné vers lui, comme si de rien n’était. Non, je n’étais pas du tout en train de sourire parce que, j’appréciais un peu ce moment. Mais alors, pas du tout.

Vérité ? Huh...Je n’étais pas quelqu’un de très curieux, c’est vrai. Tu ne te mêles pas de mes affaire, et je ne me mêlerai pas des tiennes, c’est ainsi que je fonctionnais, généralement.

Bon, qu’est-ce que j’aimerais bien savoir de Caleb...Pas grand chose. Le moins j’en savais, le moins je m’attachais.

Mais finalement, j’ai trouvé quelque chose.

"-Pourquoi t’es venu étudier ici ? "

[Caleb]

J'avais remarqué son sourire en coin, et je trouvais plus ça vraiment étrange : Daniel est étrange, donc bon. 

Ouh, cette question. Cette question, hyper compliquée d'ailleurs. Bon, il aura fait au moins l'effort de m'en poser une intelligente et pas trop taquine.

-Mmh... En fait, j'veux pas te saouler avec ma vie, c'est un peu compliqué. Enfin, dans le sens où j'ai pas vraiment de problème, c'est le suivi qui est casse-tête. 

J'ai soupiré, il voulait savoir; bah il allait savoir. J'avais cependant peur qu'il me trouve lassant.

-Mais... En fait, j'viens de Johannesburg. Une ville en Afrique subsaharienne. Et, chez moi, les mecs n'étudient pas vraiment... Enfin, c'est une question de culture tu vois. Et, un jour, j'me suis intéressé à l'art, je sais plus trop comment. Je me suis cassé de chez moi. J'ai fait mes études en France, puis j'suis même allé à en Espagne une année. Quand j'ai eu mon master, à Lyon donc, on m'a dit qu'on pouvait pas me prendre parce que voilà; un doctorat en histoire de l'art, c'est vraiment pas la priorité dans ce monde. Et puis, on m'a parlé de Desmios. On m'a dit qu'il y avait très peu d'étudiants, bien qu'il y ait une fac, mais qu'il y avait des supers historiens qui voudront bien être mes chargés de thèses. 

J'ai ris nerveusement. Putain je parle trop.

-C'est vraiment inintéressant, je sais. Je m'excuse. J'ai pas eu une vie palpitante, comparé à toi. J'ai pas réellement fait grand chose de ma vie, et mon arrivé à Desmios est la moins tragique sur terre je dois t'avouer. J'ai pas cet esprit torturés que tous les Desimiens (PTDRRRR j'ai inventé ça comme ça) ont.

Bon, désolé Daniel de t'avoir emmerder, entre autres. Gêné et ennuyé, j'essaye de changer de sujet. Franchement, j'avais eu l'impression de radoter mon Dieu.

-Bon, à toi ! Action ou vérité ?

[Daniel]

Ouais, si j’avais une question à lui poser, ce serait bien celle-là. Je comprenais pas trop, en fait. Il avait l’air d’avoir tout pour lui, de mon point de vue: il n’était pas physiquement déplaisant, il avait des amis, il semblait avoir son talent pour l’histoire des arts...Et puis quoi ? Il s’est dit: "Allez-y, Go Desmios, avec la guerre des gangs qui déchirent la ville les vacances ne doivent pas être bien chères" ? Nan, je trouvais ça ridicule.

Pour une fois, je l’écoutais un peu. Lol. Je le regardais, un peu plus intéressé que les autres fois, je dois bien l’admettre. Et puis, plus il me parlait et plus je l’écoutais un peu plus. Mouais, en fait. C’était cool de voir quelqu’un qui se rappelait de ce qu’il avait vécu. Et puis, wow. La vache il avait voyagé, et pas qu’un peu.

-Attends, du coup tu parles plusieurs langues ? T’as beaucoup voyagé. 

[Caleb]

Ok, j'avoue être un peu intimidé par ces questions. J'ai toujours l'impression de m'étaler, de me montrer, de jouer de mon savoir. Bordel c'est horrible comme sensation, j'aimais pas paraître hautain. 

-Heu, ouais, je...

Alors. Par quoi commencer  ? 

-Bah... Je parle déjà anglais et afrikaans. Et j'ai quelques bases dans d'autres langues, mais rien de très particulier hein...

Woaw, Caleb. Incroyable. 

-Heu... Ouais. Mais. 'Fin, voilà. Au lycée, j'étais une grosse merde un peu partout sauf en langues. J'pense avoir que ce mérite. Ahaha. 

[Daniel]

J’haussais un sourcil, surpris de voir toute les langues qu’il savait parler. D'ailleurs, je les comptais sur le bout de mes doigts. À chaque fois que Caleb énonçait une des langues. 1,2...Et on ajoute toutes les destinations où il est allé, ses bases. 4 langues ? Dans lesquelles il a des bases, comme il dit. 

"-La vache."

Il a pas chômé. Je crois que je n’ai jamais été intéressé pour apprendre des langues. Ça prenait trop de temps, trop d’organisations...Absolument tout ce que je ne suis absolument pas.

"-Et regarde-toi aujourd’hui...T’es diplômé."

Ouais, ça devait être important pour lui.

"-...C’est impressionnant."

[Caleb]

- Eh.

En fait, je venais de comprendre. Les quelques fois où Daniel me disait "je comprends pas pourquoi t'es là, avec moi", ou "T'es bien meilleur que moi"; c'était parce que Daniel ne pensait pas être "intelligent". Je ne sais pas si c'est de l'infériorité. J'en ai aucune putain d'idée, mais il me plaçait dans une catégorie qui m'inssuportait.

Je le regarde, droit dans les yeux, un peu sévère.

-Je suis pas que mes diplômes. Oui, je suis diplômé. Mais les diplômes, ça ne veut rien dire dans ce monde. Crois-moi, c'est un bout de papier ça Daniel.

Je lui souris, cherchant à le rassurer d'une quelconque manière.

-Que je parle dix-mille langues, que je voyage, que je sois diplômé, que je sois ceci ou cela; tu crois vraiment que ça a de l'importance ? Il y a de l'importance si tu sais te servir de ton savoir. Il y en a, de l'importance, oui. Mais t'as pas un savoir universel dans ce monde. Y'a pas un type de savoir qui correspond à tout le monde.

Je m'approche de lui, admirant son ses yeux concentrés. "Admirant". Ahaha, il me rend fou ce mec.

- T'es intelligent. Tu t'es forgé seul. Tu t'es éduqué sans l'aide de personne. Tu te démerdes; t'es comme un chat qui retombe toujours sur ses pattes. T'as besoin de personne pour survivre dans ce monde de merde. Et tu penses que c'est pas un diplôme de la vie, ça, savoir se débrouiller ? T'es un être conscient avec un cerveau qui sait se penser. Qui sait exister. Qui sait réfléchir. Qui sait inconditionnellement se devenir, c'est-à-dire que tu sais progresser sans aucunes barrières qui puissent ne serait-ce t'arrêter. Parfois, je t'envie un peu.

Oui Daniel, oui. Tu devrais m'écouter, pour une fois. Parce que ce que j'essaye de te dire...

-C'est que t'es vraiment impressionnant aussi. Ne doute jamais de toi. Et en passant, désormais, je veux que tu évites de me dire des phrases du genre "t'es meilleur que moi". Tu l'as pas dit là, ok. Mais quand tu voulais m'embrouiller, tu me lâchais ça des fois. Alors s'il te plaît, ne le refais plus. Parce que c'est faux. Et... C'est blessant un peu.

Je lui fais un clin d’œil, amusé.  Daniel, c'était l'antipode de ce que je suis. Mais qu'importe. J'aimais ça, la différence, c'est une bonne valeur de la vie.

[Daniel]

Mouais...C’était impressionnant. Je n’avais rien d’autre à dire, en fait. C’est juste que, dit comme il le disait, c’était vachement impressionnant. Hmm, j’ai mal tourné pour des raisons bien différentes que "ahaha je ne suis pas allé à l’école", mais au final je pense que je n’aurais jamais fini l’école. Donc, dans un sens je trouvais ça impressionnant, oui. Et je le respectais, aussi. 

Mais bref. Passons. Alors, c’était action ou vérité, à mon tour.

Et il s’est mis à déblatérer un bla-bla que je n’ai pas compris. Enfin, si. Je comprenais, ce qu’il me disait mais pourquoi il disait ça maintenant ? Il avait cette façon de parler, quelque peu professeur et enseignée. Comme s’il essayait de m’apprendre quelque chose. Or, je ne comprenais pas quoi. J’ai un peu ri, surtout déstabilisé parce que pour moi ça n’avait aucun sens. 

"-D’accord mais pourquoi tu me dis tout-"

Je recule, car le fait qu’il se rapproche m’a pris de court, et j’ai reculé, encore. J’avais besoin de cette distance minimale, elle m’était nécessaire. Mais les mots qu’ils me disaient n’avaient que pour but de réduire la distance que je cherchais désespérément à agrandir autour de moi. Il essayait d’instaurer une confiance, un sens à la sorte de relation qu’on avait entre autre. Et mon dieu, je n’aime pas ça.

Il essayait de me complimenter, là ? De m’avoir dans ses bonnes grâces ? C’était bien parti...Mais inutile. Je grimaçais à ce qu’il me racontait, un peu perdu et...Gêné parce qu’il disait. C’était gênant tout.

Une fois qu’il a terminé, j’ai soupiré, passant ma main dans mes cheveux.

"- Euh..Merci ? J’sais pas trop quoi dire là."

[Caleb]

-Pourquoi tu me fuis ?

Ouais, ok, j'ai dit ça de but en blanc, sans réellement réfléchir. En même temps, c'est ce qui me passait par la tête, et j'étais fatiguée de réfléchir.

-C'est juste que. Ahaha. J'ai toujours l'impression d'être un forceur, limite un violeur quand tu t'espaces comme ça. Comme si je te gonflais vraiment.

J'ai retenu ma vexation en déglutissant, j'pense que je souriais faussement à ce moment.

-Ahaha, laisse tomber, question idiote. T'façon t'as pas forcément envie de rester ici non plus, j't'ai un peu obligé.

[Daniel]

J’ai tilt. Pourquoi je te fuis ? Ahaha. Toi, pourquoi tu ne me fuis pas, surtout. Mais...Admettons.

Pourquoi je le fuis ? Parce que lui ne me fuit pas. Et s’il ne me fuit pas, c’est qu’il s’attache. Et s’il s’attache à moi, je suis prisonnier, je n’en peux plus fuir. Et je ne veux plus jamais laisser quique ce soit m’enchaîner. Voilà tout, voilà pourquoi je m’espace, Caleb.

Je ramène mes genoux contre mon torse, en posant ma tête sur le bout de mes genoux, et en le regardant me parler.

"-La disance."

Ma bouche s’était ouverte toute seule, alors. Bon, continuons sur notre lancée.

"-La distance me protège. Je ne te fuis pas, je me protège. Je ne fais pas dans le rapprochement, désolé. C’est pas contre toi."

Je donnais rude, un peu froid. Pourtant, je ne l’étais pas. Enfin, de nature oui. Mais mes excuses étaient sincères. 

[Caleb]

-Ouais mais... Je pense que tu te protèges de la mauvaise personne.

J'osais pas le voir. Franchement, ça me vexait le fait qu'il s'éloigne constamment, j'avais l'impression de l'étrangler, de le violer, de lui faire du mal, de forcer, de l'attacher à quelque chose qu'il ne voulait pas; et ça me mettait mal à l'aise. 

-Je suis vraiment vexé, ahaha. Je veux pas trop le montrer. Mais oui, ça me fait un peu mal quand tu me fais continuellement ce coup. J'pense que, ça enlève aussi une sorte de confiance en moi que j'ai habituellement, je suppose ? Je sais pas, j'ai l'impression de te faire chier.

J'ai dégluti.

-J'suis qu'un pauvre mec payé au smic et qui essaye de s'en sortir avec un objectif dans la vie. Je dors et je pisse comme tout le monde. J'sais pas. Essayer de t'éloigner de moi, c'est...

J'ai serré le poing, le sable entre ma main.

-C'est m'associer avec les enculés qui t'ont peut-être fait du mal.