Résolu Partie 4 [PV Caleb // Daniel]

[Daniel]

Je regardais de nouveau en direction de la mer. Le vent embrassait mes cheveux avec douceur, et moi je pourrais me perdre dans la profondeur de la mer en y prenant trop attention.

Ses mots retentissaient en arrière plan. Mhhhm, possible. Je n'avais peut-être pas à me protéger de lui, mais pourquoi prendre le risque ? Je refusais de laisser ma carapace se briser, je refusais d'être à nu. Même en position de faiblesse je faisais l'insoumis, car je ne veux rien laisser paraître, jamais.

Je ne sais pas quoi lui répondre. Il avait raison, c'était quelqu'un de normal. Pourtant je ne voulais pas de son amitié. Je ne le pouvais pas non plus.

"-Et faire un sorte que tu t'éloignes de moi c'est..."

Ngh, c'était compliqué mais...

"-Ne pas avoir à faire face aux conséquences si je te laissais m'approcher. C'est plus facile de me faire détester plutôt que de laisser des gens rentrer dans ma vie."

Désolé Caleb.

[Caleb]

-J't'interdis de m'empêcher de t'aimer. J't'interdis de déformer le visage que tu me montres, là. Je comprends pas, Daniel. J'vois pas. Je cherche pas à comprendre non plus; j'pense toujours autant que t'as juste un petit soucis avec ton passé qui retentit sur ta psychologie. Tu dois consulter, vraiment. J'pense que ce serait bien pour toi, de parler, de déballer ta vie, de souffler, de gueuler, d'insulter quelqu'un qui n'a rien fait et qui acceptera ce sort plutôt que de faire chier ET chialer les gens inutilement. J'suis désolé, Daniel. Mais je vais continuer. De rester avec toi, de te donner ma sympathie et mon amitié, de te donner ma sincérité; et même si tu le vois pas maintenant, tôt ou tard tu t'apercevras que c'est super bon d'avoir quelqu'un près de soi. Surtout si cette personne est sincère.

Je me mets face à lui, le contraignant. Il doit absolument me regarder dans les yeux. Une amie en psychologie m'a dit que les messages ne passaient pas vraiment quand on ne se voyait pas.

-Tu vas bien, toi, sinon ? Lui demandais-je, tout sourire.

[Daniel]

"-Ouais, ça va."

Il avait raison. Aussi triste cela soit-il, je ne pouvais pas l'empêcher de ne pas m'aimer, si tant soit peu qu'il m'apprécie. Ce qu'au passage je ne comprenais pas mais passons. 

Un jour, on m'a dit que parmi un océan de possibilité lorsqu'on en supprime une bonne partie, même si celle qui reste nous semble improbable  c'est probablement la bonne réponse. Donc...Ça voudrait dire qu'il tient sincèrement à moi. Hmm, parce que j'ai à peu près analyser toutes les possibilités dans ma tête et, celle qui me reste c'est ça. Mais ça me paraissait improbable, aussi. 

Ce qu'il m'a dit m'a...Un petit peu décontenancé, oui. Le pire, c'est qu'il était sincère, je le sais. Je suis devenu un pro pour déceler le vrai du faux, à force. Il n'y avait rien dans son intonation qui le trahissait, c'est d'autant plus redoutable. On était pas souvent honnête avec moi, plus exactement, il y avait peu de gens honnêtes dans cette ville. Je ne suis pas honnête.

Je me suis un petit peu redressé, en enfonçant mes mains dans le sable.

"-Je ne sais pas trop d'où vient ma colère. Et, je ne me rappelle que deux-trois bricoles de ma vie mais..."

S'il avait été honnête avec moi, je peux bien en faire de même, un petit peu.

"-En gros. Mes parents étaient des connards de haut grade, haha. Du jamais vu. Je ne sais pas s'ils sont morts, mais j'ai fini par les perdre de vue. Je ne sais plus trop, c'est un peu flou."

Beaucoup, même.

"-Et puis, je me suis retrouvé dans un truc horrible, où l'on te faisait des choses horribles pour te discipliner, t'apprendre la vie et te rester.."

Comme te tabasser à coups de fouets, oui. J'ai attrapé du sable entre mes mains, pour doucement le laisser fuir entre mes doigts. C'était appaisant à faire et à voir aussi. 

"-Je crois qu'il m'est arrivé un truc encore pire il y a quatre ans. C'est vraiment super flou, mais rien que d'y penser j'ai un creux dans le ventre. C'était juste avant que t'arrives, c'est marrant."

Le sable avait fui de mes mains. Et moi je fuyais ma vie entière. 

"Et voilà comment Daniel a été fait." 

(OMG c'est trop triste wesh)

[Caleb]

Je l'écoutais, silencieux, avec amitié et solennité. C'est drôle, je ne comprends pas pourquoi il ne se rappelait plus de grand chose. Et les Desmiens, ils avaient visiblement tous ce problème de mémoire... C'en devenait inquiétant.

-Daniel, je ne sais pas ce qui se passe dans ta vie, ni ce qui s'est passé, et je n'oserai prétendre comprendre ta douleur et tes peines. J'ai pas souffert de grand chose, et j'ai pas à me plaindre.

Je cale mon visage sur ma main, admirant ses beaux traits androgynes et mélancoliques. Une beauté. 

- Je pense d'ailleurs que traîner avec quelqu'un de ... Enfin, sans prise de tête et sans réel problème pourra t'aider à surmonter ne serait-ce qu'un problème dans ta vie. J'suis désolé, en tout cas, Daniel. Pour toute cette merde dans ta vie. Je me sens pas très utile, là. Je ne sais pas comment.. Enfin... Je. Ahaha.

Je rougis un peu. 

-Ahaha. En fait.

Je regarde ailleurs, faisant mine de ne pas trop le remarquer.

-C'est moi qui ai besoin de toi.

(Il a un passé de brun) 

[Daniel]

Je n'ai rien ajouté de plus. C'était...La version super condensé, ce que je lui ai dit. J'étais pas du genre à raconter ma vie, de la même façon que je n'aime pas être pris en pitié. Je lui avait résumé rapidement la chose, même mes souvenirs à moi étaient résumés, je ne pouvais pas faire des miracles. 

Son regard sur moi, je le sentais. Je ne cherchais pas ce regard d'ailleurs. J'étais attentif à la mer, si grande et destructrice. Belle et dangereuse. Hmm, je n'en étais pas très fan, et il y avait bien une raison à cela, je pense. Mes parents, encore.

Je tourne la tête vers Caleb subitement. Wow, alors ça.. C'était inattendu. J'ai jamais dépendu de qui que ce soit, et aussi: personne n'a jamais dépendu de moi. À quoi bon ? Dépendre de moi, c'était stupidement inconscient. Je suis impulsif, et imprévisible, pas souvent d'humeur charitable. Et pourtant, lui affirme qu'il a besoin de moi. Wow, c'est... Inattendu. 

J'ai senti le feu me monter aux joues, pour ce Caleb venait de dire mais aussi à cause du vent qui soufflait un peu plus fort.

"-Dis pas n'importe quoi..."

Je retournais ma tête vers l'océan, la mer, l'eau.

"-Tu t'en sors très bien sans moi, Caleb."

Il le faut.

[Caleb]

- Ahaha, je m'en sors sûrement très bien. 

Je n'ose prétendre quoi que ce soit. Je n'ose définir ce que je ressens. Je n'ose admettre le sentiment qui parcourt mon corps et mon cœur quand je le vois. Je n'ose l'admirer davantage, poser mon regard sur sa chair, sur sa fine anatomie; sur ses qualités si pures et si ensorcelantes. 

- Mais, je veux pas. Je veux plus.

Je m'éloigne un peu de lui, essayant de créer un mur anti-affection-débordante. Et je me retourne, même : je regarde la mer, face à lui. J'hausse le ton pour qu'il m'entende, et ma voix se mélange à l'océan sonore.

-J'veux pas, Daniel. Je pense même qu'en réalité, je ne m'en sortirai plus. Ahahaha. Je m'en sortais, mais j'en m'en sortirai plus.

[Daniel]

Je souffle du nez, un petit sourire amusé au visage. Oui, tu t’en sors très bien, Caleb. Tu t’en sors même mieux que beaucoup de personnes ici, alors sois-en fier. C’était quelque chose que je respectais, ceux qui savaient opter pour la difficulté, plutôt que de se frayer un chemin facile. Moi, j’avais toujours choisi pour la facilité: c’était plus simple d’alimenter les péchés de la ville plutôt que d’essayer de soigner sa tumeur, par exemple. 

J’entendais ce qu’il disait, parfaitement même. Troublant. En général, quand tu vois un gouffre tu ne te jettes pas dedans. Le gouffre, c’est moi dans l’histoire. Mais...

"-On peut peut-être apporter quelque chose à l’autre."

Hm, mouais. Lui, il pouvait bien m’apportait des choses, sûrement. Mais moi ? Ahaha, non.  Pas vraiment. Je suis un petit délinquant de bas-étages, rien de plus.

Pff, en y repensant, ce que je viens de dire est débile. Qu’est-ce qu’il me prend ? Pourquoi j’essaie de faire ami-ami ?

"-Laisse tomber, c’est con ce que je viens de dire..."

[Caleb]

-C'est vrai ? Tu m'y autorises sincèrement ?

Ok, c'était une réaction de gosse, de gamin, d'enfant, de bébé, de tout ce que vous voulez mais : Daniel venait explicitement d'accepter mon amitié. 

- Ah non non non, tu ne dis plus ça, c'est pas con !

J'admire ses yeux timides qui n'osent admettre ce qu'ils viennent de m'avouer.  Son regard bas, sa timidité, cette pudeur particulière...

-Tu m'es utile. Je te jure.

[Daniel]

Alala. Je crois que je viens d'ouvrir une porte qui aurait dû restée scellée. La vache, il semblait vraiment content. Je ne sais pas ce que j'essayais de sous-entendre. Est-ce que je sous-entendais vraiment quelque chose ? Je ne pense pas. Je suis spontané dans ce que je fais, ce que je dis aussi. Alors, oui. J'ai dit ça sur un coup de tête.

"-Okay."

Utile ? Pff, s'il le dit. Ça n'avait rien à voir avec l'utilité à mes yeux. Caleb était...Ce qui se rapproche le plus d'un ami, malgré moi. Dieu sait que j'avais essayé de le dégager pourtant.

"-Bon bah...On est officiellement amis, du coup."

(Bah, du coup... On fait une ellipse ?)