Chez Graham

[Camilo] 

Je touchais sa peau doucement, pour expérimenter la sensation que de pouvoir me permettre une telle proximité avec Graham. C'est à moi, maintenant. Mes yeux scintillaient presque, doté d'une nouvelle curiosité. Mince, je suis presque fier, non, je suis super fier. Il est à moi, et il venait de me le confirmer. Je venais chercher un peu plus le contact avec sa peau, alors que je doutais moins de ce qu'il retourne. Il est à moi, il a confiance en moi, alors il n'a rien à craindre. Je ne ferais jamais rien qui lui déplaît.

Une fois qu'il laissa retomber son tee-shirt, je repassais mes bras autour de ses hanches, à peau nue cette fois. C'était aussi simple que ça, je me contentais de le tenir entre mes bras, en regardant d'un oeil curieux quelle magie il est en train de concocter dans son chaudron. Mais voilà que Graham ne bougeait plus. Oui, si je ne lui laisse pas champ libre il ne va pas pouvoir faire plus le garçon. Hmm, mais j'ai pas envie. Peut-être, sauf que parfois il faut se forcer à faire des choses qu'on ne veut pas faire. 

Je me déliais doucement de Graham, en râlant faiblement. Le cuisinier n'avait pas l'air ravi de son côté non plus. Je me suis appuyé au plan de travail, un petit sourire aux lèvres.

"- Fais pas cette tête." 

J'ouvrais doucement mes bras dans sa direction.

"- Ça aussi c'est tout à toi maintenant. "

Tu peux venir me faire autant de câlin que tu le souhaites, Graham.

[Graham]

Il fermait les yeux un petit moment, se concentrant sur les mains de Camilo. Il frémissait, se crispait parfois lorsqu'il devenait nerveux. C'était un toucher qu'il n'avait jamais expérimenté, avec des mains plus grandes que lui.

Il aurait presque failli tomber en arrière lorsqu'il l'avait lâché. C'était si bien, pourquoi s'arrêter maintenant ? Il suivait Camilo des yeux, un peu déçu. Il retrouvait un peu de son sourire, et rougissait aussi.

" - Je t'aime."

[Camilo]

J'ai sourit de plus belle en croisant de nouveau mes bras entre eux. Oh, ils ne seront jamais fermés pour lui, il peut venir se faire câliner quand il le souhaite. S'il pouvait me le dire tous les jours, il n'y aurait pas plus beau réveil.

"- Je t'aime aussi." 

Pour preuve simple, je lui envoyé un petit baiser volant de loin, en riant doucement de ma propre niaiserie. Je ne sais pas si c'est trop pour lui, mais c'est moi dans toute ma largueur pour le coup. Maintenant qu'il avait dit ça, sa chaleur me manque. J'ai envie qu'on se moque du repas, qu'on aille se balader dans la ville, à mon studio, la sculpture. N'importe quoi, tant qu'il est là pour moi. Passer la journée à l'embrasser, ça aussi, ça me ferait du bien. 

[Graham]

Il était si niais et candide. Graham ricanait, doux et espiègle en même temps. Il l'adorait, le rendait dingue. Camilo avait cette charmante innocence naturelle à lui-même, si contradictoire quand on connaissait son parcours, mais qui lui allait si bien. Camilo était comme un repère pour Graham. C'est bien pour ça qu'il avait toujours continué à lui courir après.

Maintenant qu'il était libéré, Graham se remettait au travail. Camilo pouvait toujours rester là, et ça lui allait bien. En attendant, il mettait une poêle sur le feu, laissait couler un filet d'huile. et jetait les légumes à l'intérieur. D'un autre côté, il préparait déjà un grand plat dans lequel il plaçait une première couche de pâte. Il avait un petit moment pour lui avant de pouvoir retirer les légumes du feu de toute manière.

[Camilo]

Oh, je sais je suis ridicule mais ne m'en veux pas Graham. Avec toi c'est inutile de me cacher, tu peux voir toutes les facettes niaises et embarrassantes de moi, j'ai l'impression que tu as déjà entre apperçu le pire jusque là. Alors que tu puisses voir les parties plus banales, attachante peut-être, c'est une chance pour moi. Je suis content que tu puisses me voir comme ça, que tu me laisses l'occasion de aussi.

Graham se concentre sur sa tâche désormais, et il me laisse derrière. J'ai perdu capacité de mon propre corps, je me sens peu utile maintenant. Pour ce qui est de la cuisine, ce n'est certainement pas moi qui vais lui donner des moindres conseils, mais j'observais, admiratif que ça lui vienne aussi naturellement que ça. Certes, c'est comme le reste, c'est une question de rigueur, mais certains ont des prédispositions, ce qui n'est pas mon cas.

Je souriais en le voyant faire, les coudes sur le plan de travail.

"- T'es sûr que t'as pas besoin d'aide ?"

[Graham]

Il fallait attendre que l'huile chauffe avant de mettre les légumes dedans, attendre que les légumes cuisent un peu avant de mettre la viande dedans, la sauce tomate, et ensuite monter le tout dans le plat et mettre au four...

Il se tournait vers Camilo, toujours un peu pensif sur les étapes à suivre, avant d'hausser les épaules.

" - A moins que tu chauffes plus vite que ma cuisinière, je ne pense pas non."

Mais c'est toujours gentil de proposer. Penché sur le comptoir, il faisait pratiquement la même taille que Graham. De ce côté là, il n'a pas été très gâté, mais il a l'habitude de sa silhouette féminine. C'est pour ça qu'il ne se laisse pas pousser les cheveux trop longs, sinon de dos la différence ne se fait pas vraiment. Est-ce que Camilo aurait pu l'aimer s'il avait été moins féminin ?

[Camilo]

Hmm, vraiment ? Déçu de ne pas pouvoir l'aider davantage, je râlais faiblement, presque demandeur. C'est aussi une façon de rester avec lui, faire quelques chose d'utile. Si après tout ce que je lui ai fait traverser je ne suis pas en mesure de lui apporter une aide supplémentaire, j'en deviendrais fou. Pas seulement dans la cuisine, mais dans tout les domaines de sa vie où je peux être utile. 

"- Malheureusement je ne suis pas magicien."

Si seulement, ça apporterait un peu plus de fantaisie à ce merveilleux moment. Ou juste quelque chose de simple et idiot, inexplicable, pour oublier l'espace d'une seconde le reste du monde, pas suffisamment pour qu'on s'enferme dans une réalité biaisée, mais assez pour qu'on puisse penser que le monde est aussi très beau.

[Graham]

Est-ce que Camilo déprimait parce que... parce qu'il ne peut pas l'aider ? Graham penchait la tête d'un côté, ne sachant pas s'il devait s'inquiéter ou s'en amuser. Mieux valait en rire qu'en pleurer, ceci dit.

Il essayait d'apparaître le plus innocent possible, tandis que ses idées l'étaient un peu moins. Graham venait se placer derrière Camilo, l'observant un moment. Plus il hésitait et plus Camilo allait s'apercevoir que Graham avait une idée derrière la tête. Pour ne pas perdre de temps, Graham venait passer ses doigts sous le haut de Camilo. Ils n'étaient pas si froids, pas autant que d'habitude du moins à force de bouger. Il les laissait glisser le long de sa peau, gardant un oeil sur Camilo pour le surveiller, un petit sourire taquin au coin des lèvres.

[Camilo] 

De la magie, hm... On connaît tous un tour au moins, pour émerveiller les quelque parties de notre entourage. Il faut bien entretenir sa curiosité de temps à autre, ça ou on finit par ne plus vivre. 

Mes pensées m'occupaient principalement, à tel point que je ne remarquais même pas que Graham n'était plus là où il se tenait plus tôt. Mais hé, je crois que j'ai un tour de magie.

"- Tu sais quoi, tout compte fait je crois que je connais un -" 

J'ai été stoppé net, lorsque je compris ce que Graham faisait. Un long frisson parcourut tout mon dos. Comparé à tout à l'heure, c'est Graham qui posait ses mains sous mon haut, mes les deux fois, c'est lui qui avait initié le mouvement, il était bien plus assuré désormais. C'est loin d'être une mauvaise chose. Moi aussi, je voulais qu'il comprenne que je suis certain de mes choix en m'engageant avec lui. Je venais mettre mes mains par dessus les siennes, non pour l'arrêter, mais pour l'accompagner dans ses gestes, peu importe ce qu'il compte faire. 

[Graham]

Graham étouffait un petit rire, se penchant en avant pour passer ses mains sur sa peau plus loin encore. Camilo accompagnait ses mains, alors ça veut bien dire qu'il consent à un tel toucher, non ?

" - Oui, dis moi, qu'est-ce que tu connais ?"

Sa peau était toujours chaude, peu importe que ses vêtements soient légers ou non. Douce, même s'il pouvait sentir quelques points, bosses, traits sur sa peau, des cicatrices. Une bien plus grosses que les autres, sur son abdomen. Il se mordait la lèvre et décidait de passer rapidement dessus, et ne plus jamais la toucher. Il se rappelait la détresse qu'il avait ressenti lorsque Camilo s'était fait tiré dessus. Il avait failli mourir, et ils n'auraient jamais eu tout ce qu'ils ont actuellement. Graham se serait retrouver seul, sans rien ni personne, complétement perdu même envers lui-même.